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Orléans-Tours : les profs invités à gonfler les notes d'oral de français ?

En 2012, les « scores » de l’académie d'Orléans-Tours, un point et demi en dessous de la moyenne nationale, avaient été jugés décevants.

En 2012, les « scores » de l’académie d'Orléans-Tours, un point et demi en dessous de la moyenne nationale, avaient été jugés décevants. - -

Les professeurs chargés des épreuves d'oral de français au baccalauréat à Orléans-Tours ont été invités à surnoter, sur 24 points au lieu de 20, les candidats, afin de « faire remonter » les résultats de l'académie, affirme Le Figaro de ce mercredi. L’académie dément, ainsi que le gouvernement.

La grille d'évaluation pour la notation des épreuves orales de français au baccalauréat dans l'académie d'Orléans-Tours fait l'objet d'une polémique, un syndicat affirmant que les professeurs ont été invités à surnoter, sur 24 points au lieu de 20, les candidats, ce que dément l'académie. La ministre de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, assure qu'« aucune consigne » n'a été donnée dans ce sens. Mais Le Figaro de mercredi, qui relaye cette information diffusée par le syndicat Sud, cite une « grille d'évaluation régionale », émanant de l'inspection d'académie, distribuée aux examinateurs et précisant que l'oral de français - que passent ce mercredi les élèves de 1ère - doit être noté sur 24 points tout en restant officiellement une épreuve sur 20. Sur la grille en question, le total des points inscrits dans une colonne intitulée "barème" est bien égal à 24, tandis qu'une autre colonne maintient le total normal de 20 points.

« Pour faire remonter les "scores" de l'académie »

« Nous franchissons une limite idéologique inacceptable : il ne nous est plus seulement demandé de faire preuve de bienveillance mais de gonfler les notes de façon officielle afin de faire remonter les "scores" de l'académie » jugés décevants en 2012 (un point et demi en dessous de la moyenne nationale), assure le syndicat Sud d'Indre-et-Loire dans un communiqué.
De son côté, Maud Pestel, chargée de communication et des relations presse de l'académie d'Orléans-Tours, a assuré que « non, il n'existe pas de double barème. Les IA-IPR (inspecteur d'académie - inspection pédagogique régionale, ndlr) de lettres ont strictement respecté les textes nationaux, et ont proposé un outil d'aide à l'évaluation ». Dans une réponse au syndicat Sud, l'académie affirme que dans le barème suggéré « plutôt que de repérer des carences, des lacunes, il s'agit de reconnaître davantage les acquis du candidat ». En outre, l'académie explique avoir distribué lors de réunions de commissions préparatoires aux épreuves de français « plusieurs documents d'aide à l'évaluation de l'épreuve orale, dont une grille d'évaluation critériée ».
Selon le Figaro, fustigés pour leur « attitude de notation négative » durant les épreuves de 2012, les enseignants ont été invités par les inspecteurs à « penser positif » cette année.

« Des pressions insupportables » imposées par la hiérarchie

Pour sa part, la secrétaire académique du SNES, le principal syndicat de l'enseignement secondaire, Emmanuelle Kraemer, ne confirme pas la notation sur 24 mais fustige les consignes données par les inspecteurs académiques au sujet de l'évaluation. « Il s'agit d'une logique managériale généralisée, poussée par l'obsession du classement », a-t-elle dit, avant d'ajouter que le SNES « condamne ces pressions insupportables » imposées par la hiérarchie. Par ailleurs, Emmanuelle Kraemer estime que la question de l'évaluation « n'est qu'un aspect de tous les dysfonctionnements concernant le bac cette année dans l'académie ». La responsable syndicale cite des « dysfonctionnements dans la réception des convocations au bac par les enseignants ». Selon elle, des « collègues n'ayant pas reçu de convocation n'étaient pas présents » pour surveiller les épreuves.
Une réunion du comité technique académique doit avoir lieu mercredi à Orléans, au cours de laquelle la rectrice Marie Reynier « sera interpellée » sur la question des consignes d'évaluations, a dit Emmanuelle Kraemer.

J.V. avec AFP