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Lycée Cévenol: «On n'a pas le droit de demander le casier d'un élève»

Jean-Michel Hieaux.

Jean-Michel Hieaux. - -

Invité d'RMC et BFMTV ce lundi matin, le vice-président du Collège-lycée cévenol, où était scolarisé le meurtrier présumé d'Agnès Marin, réaffirme que si la direction avait été au courant de son dossier judiciaire, il n'aurait jamais accepté l'inscription du jeune homme.

Jean-Michel Hieaux est vice-président du Collège-lycée cévenol, au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire). C'est là qu'Agnès Marin et son violeur et meurtrier présumé, Matthieu, étaient scolarisés. Sur RMC et BFMTV ce lundi, il répond à la famille qui accuse l'établissement de « complicité d'assassinat ».

«On a appris l'agression sexuelle à 17h à la télévision»

« Ce collège a été créé en 1938 sur une culture de non-violence et de paix. Le principe est de réunir 180 élèves de plusieurs pays, et de toutes origines sociales et culturelles. Nous, on a appris l'agression sexuelle à 17h à la télévision en même temps que tout le monde. Nous ne savions absolument pas. Il était élève depuis novembre 2010. Son père nous avait écrit en aout 2010 expliquant que son fils avait eu un accident dans l'année, 4 mois de détention provisoire, pour qu'il soit en internat. La direction l'a alors reçu. Ce jour-là, le directeur n'a pas posé de questions sur les motifs de la détention provisoire. Et l'autorité judiciaire avait en effet décidé que l'enfant devait être placé dans un internat ».

«Si nous avions su son passé, nous ne l'aurions pas accepté»

« D'abord, on n'a pas le droit de demander à un parent ou un élève la raison pour laquelle il a été condamné, ni son casier judiciaire. Ensuite, notre vocation, c'est de dire qu'il n'y a pas de double peine. Si les magistrats et les psychiatres décident que vous pouvez sortir, il n'y a pas de raison que l'on s'inquiète outre mesure. Si nous avions su que ce garçon avait eu ce passé, nous ne l'aurions jamais accepté. C'est d'une irresponsabilité atterrante de la part du système. Nous ne savions pas qu'il était sous contrôle judiciaire, nous n'avons pas eu le moindre contact avec les autorités jusqu'au drame. Si on ne nous le dit pas nous ne pouvions pas le savoir. Quatre mois de prison préventive, nous savions. Mais que c'était pour viol non ».

«Je dis à la famille d'Agnès que je comprends leur émotion»

« Je le répète, on n'a pas le droit de poser ces questions aux élèves. Imaginez bien que nous savions encore moins ce que les médecins et psychiatres avaient pu dire de lui. Je dis à la famille d'Agnès que je comprends leur émotion. Je pense qu'à la place de la famille je dirais la même chose. En revanche on ne peut absolument pas mettre en cause la responsabilité morale du directeur, pour la raison simple que nous ignorions tout. Le directeur ne doit pas être relevé de ses fonctions. L'erreur je vais vous dire où elle est: il n'est pas normal qu'un pays conseille qu'on mette (ce type d'élève) dans un internat ouvert. Ce que nous demandons, c'est qu'il y ait un secret partagé sur ces dossiers. Il faut que les autorités judiciaires et de santé communiquent de manière discrète les dossiers aux chefs d'établissement ».