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Coronavirus et écoles fermées: le boum des cours à distance

Image d'illustration d'enfants dans un collège

Image d'illustration d'enfants dans un collège - Jeff Pachoud - AFP

Depuis l'annonce de la fermeture de toutes les écoles, collèges et lycées de France, de nombreux parents se tournent vers les cours à distance pour leurs enfants.

Alors que l'ensemble des écoles, collèges et lycées de France vont fermer ce lundi pour une durée indéterminée afin de limiter l'expansion du coronavirus, comme l'a annoncé jeudi Emmanuel Macron, certains parents se tournent d'ores et déjà vers l'enseignement à distance.

"On a eu des demandes de cours en ligne dès le lendemain et ils ont eu lieu dès vendredi", assure à BFMTV.com Philippe Perez, directeur général des Cours Legendre, spécialiste du soutien scolaire et des cours particuliers. S'il enregistre davantage de demandes depuis la prise de parole du président de la République, il constate également que ses ventes de cahiers de révisions ont augmenté.

"Un raz-de-marée"

"C'est un raz-de-marée", indique à BFMTV.com Emmanuel Pasquier, directeur général de Maxicours. Ce spécialiste du soutien scolaire en ligne du CP à la terminale a décidé jeudi de rendre gratuites, sans restriction, ses quelque 20.000 fiches de cours et 4000 vidéos tous les jours de 9h à 17h. Sur simple demande par mail, sans aucun justificatif, n'importe quel élève peut donc avoir accès aux contenus, dont 100.000 exercices, proposés par la plateforme.

"Notre trafic a doublé en quelques heures après l'annonce d'Emmanuel Macron et nous avons déjà reçu 30.000 demandes d'accès", ajoute Emmanuel Pasquier. Le site enregistre également une hausse des demandes d'abonnement, quant à elles payantes, permettant d'échanger par chat, mail ou vidéo avec un professeur.

"Notre métier, c'est d'aider les élèves en difficulté. Là, la difficulté est pour tous d'avoir accès à l'éducation, nous essayons d'apporter notre pierre à l'édifice."

"Le téléphone n'arrête pas de sonner"

Béatrice Louis, directrice du Centre national d'enseignement e-learning (Cneel) - un établissement scolaire privé à distance - dresse le même constat. "Tous les jours, avec les écoles qui fermaient progressivement, nous avions des demandes, assure-t-elle à BFMTV.com. Mais depuis l'annonce du président, le téléphone n'arrête pas de sonner."

Elle a ainsi accepté, "sur l'insistance des parents inquiets", d'intégrer une vingtaine d'élèves à ses classes pour un mois. Une cinquantaine d'établissements l'ont également contactée pour mettre en place des classes virtuelles. Plusieurs d'entre eux - notamment privés - proposeront ainsi à leur élèves dès lundi de continuer les cours mais en ligne.

"Les cours auront lieu sur le même emploi du temps qu'au collège ou au lycée et ils seront tous enregistrés afin que les élèves puissent les revoir."

La plateforme "Ma classe à la maison"

Le ministère de l'Éducation nationale a pourtant activé début mars un dispositif permettant aux élèves dont les écoles avaient été fermées de "maintenir un lien pédagogique". Il s'appuie sur la plateforme du Centre national d'enseignement à distance (Cned), intitulée "Ma classe à la maison", qui couvre les programmes de la grande section de maternelle à la terminale.

Il permet notamment de faire des révisions, des exercices en ligne et de suivre des classes virtuelles, représentant trois à quatre heures de travail quotidien. Selon Michel Reverchon-Billot, le directeur général du Cned, la plateforme qui dispose de quatre semaines de cours peut supporter "jusqu'à 6 millions de connexions simultanées", rapporte L'Étudiant.

Ce qui paraît déjà problématique puisque, au total, ce sont 12 millions d'élèves qui se retrouvent privés de classe. Un autre outil est également à disposition des élèves, plus particulièrement ceux du second degré: l'ENT (pour espaces numériques de travail). Un intranet propre à chaque établissement où élèves et enseignants peuvent échanger cours, exercices et messages.

Interrogé par BFMTV.com, le ministère indique que la plateforme est montée en puissance. "Ma classe à la maison" peut désormais "assurer la connexion de trois fois cinq millions d'utilisateurs sur ces trois plateformes (primaire, collège, lycée)". 

"Pour les familles qui n'auraient pas d'accès à internet, des permanences pédagogiques seront mises en place. On assurera le lien avec les familles. Il sera toujours possible d'avoir accès aux ressources sur des supports papiers et de rendre ses copies."

Les limites des cours à distance

Mais pour certains parents, c'est insuffisant. "Ils se sentent démunis", confie à BFMTV.com Hubert Salaün, porte-parole de la Peep, une fédération d'associations de parents d'élèves. Si ce représentant de parents salue les réponses numériques proposées par le ministère, il met néanmoins en garde contre leurs limites.

"Il ne faut pas croire que deux semaines de cours numériques remplacent deux semaines de cours en classe. Oui, la continuité pédagogique est assurée par les établissements mais tout dépend dans quelle mesure les enseignants sont à l'aise avec les outils numériques. Sans compter qu'au niveau du primaire, les ENT sont assez peu développées. Et pour les plus petits comme pour certains collégiens ou lycéens, qui ont besoin d'un plus fort accompagnement, ce n'est pas forcément adapté. La relation pédagogique est d'abord humaine."
Céline Hussonnois-Alaya