Echirolles : Trois personnes « connues pour leur extrême dangerosité » en fuite

Le lieu du drame à Echirolles, près de Grenoble. - -
Ils étaient 10 000, selon la police. 10 000 personnes, amis des victimes ou anonymes, réunies mardi soir pour une marche blanche en l’honneur de Kevin et Sofiane à Echirolles, près de Grenoble. Tenant des ballons ou des fleurs blanches et massés derrière des portraits des deux jeunes tués, les participants ont défilé en silence. En tête du cortège marchaient dignement les parents de Sofiane et la mère de Kevin. « Je crois qu’une mère qui perd son enfant, c’est l’une des pires des douleurs », reconnaît-elle dans le parc Maurice Thorez, à la fin du défilé, à l’endroit exact où son fils a été tué par une quinzaine de personnes venues de la cité de la Villeneuve voisine.
« On est confrontés à eux tous les jours en bas des cités, donc quand ils frappent nos enfants, on ne peut rien faire, explique Asia, une jeune maman venue défiler. Et si on appelle la police, ils vont faire quoi ? Nous casser notre voiture, nous casser la gueule ? Alors on ne dit rien, on s’écrase ». Amina, vêtue d’un t-shirt blanc sur lequel sont imprimés les visages de Kevin et Sofiane, raconte ses craintes sur RMC : « On a peur que ça ne s’arrête pas, que ça fasse une boucle infernale, une spirale dans laquelle on est entraînés, et que les larmes continuent à couler ». Un lâcher de colombes a été salué par des applaudissements, et la marche s’est terminée par le chant d’un imam.
« Les garçons nient les faits »
Parallèlement, l’enquête se poursuit. 12 personnes ont été placées en garde à vue pour assassinat, 11 hommes dont deux mineurs et une femme, la mère de deux militaires interpellés dans leur bataillon et qui sont encore entendus par les enquêteurs à l'hôtel de police de Grenoble. Un peu plus tard, deux des gardés à vue ont été relachés, mais un 13e suspect s'est rendu ce mercredi matin, emmené par son oncle à la police.
Les gardés à vue sont tous de « très jeunes adultes » de 18 à 21 ans, dont aucun ne travaille hormis les deux frères militaires, et « la plupart ont des casiers judiciaires pour vol avec violences, violences avec armes et en réunion », a précisé le procureur de la République de Grenoble Jean-Yves Coquillat. « Pour le moment, ces garçons nient les faits. Les deux militaires, sur les conseils de leur avocat, ont décidé de garder le silence. Les autres nient les faits et disent qu’ils n’étaient pas présents sur les lieux », explique-t-il.
« Dans ce type d’affaires, et dans cette affaire-ci, il s’agit de déterminer qui était présent sur les lieux de cette bagarre ayant entraîné la mort des deux victimes, et ensuite, et c’est sans doute là le plus compliqué, de savoir qui a fait quoi. Il s’agit donc de déterminer qui a porté les coups de couteaux ou les coups avec des objets contondants », a-t-il ajouté.
Lors de leurs interpellations, la police a retrouvé chez certains suspects des objets qui ont pu servir à agresser Kevin et Sofiane. Les premières mises en examen devraient avoir lieu dans la journée.
« Connus pour leur extrême dangerosité »
Mais trois autres personnes sont toujours activement recherchées par les enquêteurs, des personnes très violentes qui pourraient être les auteurs de coups de couteau mortels. « Les trois cibles en fuite sont des garçons qui ont à peu près le même profil, mais avec des condamnations pour des violences souvent graves. Ils sont connus pour leur extrême dangerosité », ajoute le procureur. Pour Véronique Mourrier, du syndicat de police Alliance, la plupart des jeunes auraient pu été entraînés vers cette violence. « Ils se sont retrouvés en effet de bande, trouvés forts, donc il y avait peut-être deux ou trois leaders qui étaient effectivement armés et qui ont amené le groupe à commettre des actes de torture, de barbarie », analyse-t-elle.