Des syndicats policiers veulent que Guéant rembourse les primes

"Si l'enquête révèle que Guéant a perçu de telles sommes, (il faut) que tous ceux qui auraient pu en bénéficier remboursent", estime le syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI). - -
Guéant doit rembourser. C'est ce que réclament plusieurs syndicats de police concernant les primes en liquide que l'ancien ministre UMP a perçues de 2002 à 2004, alors qu'il était directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur. Un rapport de l'Inspection générale de l'administration (IGA) et de la police nationale (IGPN) faisant état d'un versement de 10 000 euros par mois de primes à Claude Guéant pendant deux ans a été transmis au parquet de Paris par l'actuel ministre de l'Intérieur Manuel Valls.
"Cet argent aurait dû aller aux collègues qui sont sur le terrain"
Cette affaire "ne peut que nous choquer", a dit mardi sur France Info Chantal Pons-Messouaki, secrétaire générale adjointe du syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI). "À la base, les frais de mission et de surveillance doivent servir aux policiers pour être réactifs dans le traitement des enquêtes", a-t-elle dit. "Cet argent aurait dû aller évidemment aux collègues qui sont sur le terrain et qui en ont besoin." "Si l'enquête révèle que M. Claude Guéant a effectivement perçu de telles sommes, (il faut) que tous ceux qui auraient pu en bénéficier remboursent", a-t-elle ajouté.
Une position partagée par le syndicat national FO-centrale, première organisation syndicale au ministère de l'Intérieur. "En tout état de cause, si cela a été le cas, en totale illégalité, FO Centrale demande à M.Guéant de rendre ces importantes sommes d'argent pour qu'elles soient redistribuées équitablement à tous les agents du ministère qui subissent depuis 2010 une baisse de leur pouvoir d'achat avec le gel du point d'indice", écrit le syndicat dans un communiqué. Pour le porte-parole d'Unité SGP-Police, Nicolas Comte, les frais d'enquête et de surveillance doivent servir à des missions de police. "Ça ne doit pas servir à certains à arrondir des fins de mois au black", a-t-il dit sur RTL.
Débat à l'Assemblée jeudi soir
L'Assemblée nationale débattra jeudi soir, à la demande des députés radicaux de gauche, des primes en liquide reçues par des membres de cabinets ministériels, telles celles dont a bénéficié Claude Guéant entre 2002 et 2004. Après la suppression en 2002, par le gouvernement de Lionel Jospin de primes en liquide alimentées par des "fonds secrets", "on croyait, naïvement sans doute, qu'à partir de 2002 il n'y en avait plus", a déclaré mardi le député PRG Alain Tourret. "Nous venons d'apprendre notamment que M. Guéant a continué à détenir des fonds secrets, par l'intermédiaire de fonds dit d'enquête pour le ministère de l'Intérieur et qu'il s'est approprié les fonds en questions". Aussi, "j'ai demandé à ce que le gouvernement puisse répondre jeudi soir sur ce maintien : pendant quelle durée ? sur quelles personnes ? comment cela a-t-il pu se faire entre 2002 et 2004 ? On nous dit que cela s'est arrêté en 2004. Pourquoi ? Que je sache M. Guéant est resté au pouvoir de 2002 jusqu'à 2012 et je voudrais bien comprendre ce qui a pu se faire", a dit Alain Tourret, qui en tant que rapporteur du budget de la Fonction publique entre 1997 et 2002, explique avoir contribué à la suppression des fonds secrets. Le débat de jeudi "sur l'application de l'interdiction des rémunérations en numéraire dans les cabinets ministériels depuis 2002" ne donnera lieu à aucun vote, mais le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, ou son collègue chargé des relations avec le Parlement Alain Vidalies répondra aux questions des députés, a précisé Alain Tourret.