Des habitants de la Défense résistent à la construction des tours Hermitage

Lancé en 2007, le projet des tours Hermitage est à l'arrêt. Malgré les permis de construire obtenus en 2007, le projet du promoteur russe Emin Iskenderov est gelé. Outre la solvabilité incertaine de ce dernier, le projet est aussi freiné des habitants des Damiers, un immeuble qui doit être vendu puis détruit pour permettre la construction des tours jumelles.
Malgré des propositions de relogement, ces habitants ne veulent pas quitter leur logement. Mais depuis quelques temps, le quotidien se complique pour eux. Pour parvenir à son appartement, Mohamed doit désormais emprunter des escaliers à la lumière de son téléphone portable.
"On habite au 5e étage, ça fait un mois et demi, presque deux mois qu'il n'y a pas d'ascenseur et pas de lumière dans l'escalier", s'agace cet habitant des Damiers.
Il explique avoir tenté plusieurs fois de joindre par téléphone le bailleur Logis Transports, sans réponse. Les Damiers doivent être vendus au promoteur russe pour la construction des tours, mais sous réserve que les bâtiments soient vides. La vente ne peut se faire tant que les locataires refusent de partir.
Equipements défectueux et squatteurs
Sur les 250 appartements, ils ne sont plus que dix-huit à résistent, les autres ont fini par quitter les Damiers. Pour ces habitants qui veulent rester, Logis Transports laisse sciemment les parties communes se dégrader.
"Le monte-charge est cassé et tout s'accumule, les pigeons, les ordures... On fait tout pour évidemment nous évincer", résume Anne-Marie en montrant un local sale et encombré de poubelles.
Cette résidente, présente aux Damiers depuis 30 ans est quasiment seule dans son immeuble. Les squatteurs y élisent désormais domicile. "Il y en a toujours qui viennent, qui rentrent par les voies d'accès cave ou pompiers et qui dorment. On voit leurs petits paquetages dans le couloir ou leurs excréments", se désole-t-elle.
Des recours déposés en justice
De son côté Logis Transports assure que l'entretien de l'immeuble est toujours assuré et que tous les équipements de sécurité fonctionnent.
Plusieurs solutions de relogement ont également été soumises aux habitants, mais pour Mohamed ces propositions ne sont pas satisfaisantes. "Ils veulent m'enlever d'ici pour m'emmener dans le 93. Moi j'ai dépensé 30.000 euros seulement pour la véranda", explique-t-il en contemplant la vue imprenable sur la Seine depuis son appartement.
"Ces personnes sont là tout simplement parce qu'elles considèrent à juste titre que le droit les y autorise et que ce projet est une violation manifeste de la loi civile, administrative et maintenant pénale et elles ne voient pas pourquoi à quel titre elles devraient céder aux volontés de puissances politico-financières", souligne leur avocate Me Armelle de Coulhac-Mazérieux.