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Dekhar arrêté : « la dérive d’un ancien révolutionnaire »

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Interpellé et placé en garde à vue mercredi soir, l'auteur présumé des coups de feu à Libération et La Défense, Abdelhakim Dekhar, ne s'est pas exprimé face aux enquêteurs, pendant sa garde à vue, jeudi, invoquant son « droit au silence ».

Abdelhakim Dekhar, arrêté pour tentatives d'assassinats à Libération, RMC/BFMTV et La Défense, a invoqué son « droit au silence » lors de ses premières auditions en garde à vue.

Si Abdelhakim Dekhar n'est pas très bavard, les enquêteurs sont tombés sur deux lettres, mercredi soir, après son interpellation. Des écrits dans lesquels l'homme fustige un « complot fasciste » et les médias. Il s'en prend aussi au capitalisme et aux politiques.

Ce qu'il a fait ces 15 dernières années reste encore assez flou. Après sa condamnation dans l'affaire Rey/Maupin en 1998 (4 ans de prison pour avoir fourni l'arme au couple de tueurs), il a passé beaucoup de temps en Angleterre. Avant de revenir en France en juillet dernier, et d'être hébergé quelque temps, par celui qui l'a dénoncé mercredi.

« L'anarchie solitaire qui veut marquer les esprits »

Pour Christophe Bourseiller, journaliste spécialiste des extrémismes politiques, les actes du tireur présumé sont isolés : « C’est plutôt une action que je relierais aux actions anarchistes individuelles insurrectionnalistes de la fin du 19e siècle. On retrouve des éléments de l’arnachie solitaire qui veut marquer les esprits par un acte qu’il commet sans aucune organisation. On est loin d’une cellule révolutionnaire. C’est la dérive d’un ancien révolutionnaire qui se retrouve seul et c’est assez tragique ».

Dekhar responsable pénalement ?

Autre donnée que les enquêteurs vont devoir déterminer : Abdelhakim Dekhar peut-il être jugé pour ses actes ? « Ça va dépendre du diagnostic de sa personnalité, de l’intensité de la dimension paranoïaque retenue par les experts, analyse Roland Coutanceau, psychiatre et criminologue. L’hypothèse que je privilégie, c’est une personnalité paranoïaque. Dans ce cas, on est responsable, il n’y a pas d’abolition du discernement. Par contre les experts indiquent que la gravité de la dimension paranoïaque va jusqu’à la psychose, là la question de l’abolition du discernement pourrait se poser ».

Le procureur de Paris, François Molins a rappelé que l'expertise psychiatrique faite au moment de l'affaire Rey-Maupin avait mis en exergue ses « tendances affabulatoires », mais pas de « grain de folie ».

La Rédaction avec T. Chupin et A. Manoli