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Décision le 28 juin sur le futur repreneur du monde

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PARIS (Reuters) - Le conseil de surveillance du Monde, dont l'avenir fait l'objet d'un fort intérêt politique, se prononcera le 28 juin sur l'identité du futur repreneur du groupe de presse, annonce le quotidien.

Le conseil réuni lundi a décidé que les offres définitives devraient être présentées d'ici au lundi 21 juin et que les sociétés de personnels, dont la puissante Société des rédacteurs du Monde (SRM), arrêterait son choix le vendredi 25.

Enfin, le conseil de surveillance demandera au candidat choisi "un dépôt de 10 millions d'euros pour entrer en négociation exclusive avec le groupe", peut-on lire un communiqué du quotidien, qui a besoin de plus de 60 millions d'euros pour assurer sa survie.

"Ça devrait nous permettre de traverser l'été plus tranquille sur le niveau de la trésorerie", a dit à Reuters Gilles Van Kote, président de la SRM. Le versement doit permettre au Monde d'honorer une dette arrivant à échéance le 10 juillet et de payer les salaires de juillet, a-t-il précisé.

Le conseil de surveillance devait initialement se prononcer ce lundi mais 11 de ses 20 membres, dont tous les représentants internes au groupe, avaient requis un report du dépôt des offres et de la décision.

Le Monde a reçu deux pré-offres pour son projet de recapitalisation, qui rendra minoritaires les actionnaires internes.

L'une émane du trio composé du banquier de Lazard Matthieu Pigasse, du mécène Pierre Bergé et du fondateur de Free Xavier Niel.

ORANGE PRÊT À INVESTIR

L'autre vient du groupe SFA PAR, détenu par le PDG du Nouvel Observateur Claude Perdriel, associé à des partenaires dont l'identité n'a pas été dévoilée.

L'opérateur Orange s'est dit prêt à investir "quelques dizaines de millions d'euros" en vue d'un partenariat industriel dans le numérique.

Autre candidat à la reprise, le groupe de presse espagnol Prisa avait demandé un report du dépôt des offres à fin septembre, le temps d'étudier le dossier de façon plus approfondie, en proposant de verser une avance.

Ce calendrier ne leur convient donc pas mais "ils peuvent entrer comme (repreneurs) minoritaires au cours de l'été", a souligné Gilles Van Kote. Prisa est déjà actionnaire minoritaire du Monde.

Le montant de la recapitalisation, d'abord estimé à 60 millions d'euros, pourrait être beaucoup plus élevé, notamment en fonction de l'avenir du Monde Imprimerie.

Le dossier a pris en fin de semaine dernière un tour politique avec l'annonce, par le directeur du Monde lui-même, d'une intervention de Nicolas Sarkozy.

Selon une source interne, Eric Fottorino a informé la société des rédacteurs du Monde que le chef de l'Etat l'avait reçu la semaine dernière pour lui faire part de son opposition à l'offre de reprise du trio. Matthieu Pigasse et Pierre Bergé sont connus pour leurs sympathies socialistes.

SARKOZY "EN VOIE DE BERLUSCONISATION"

Nicolas Sarkozy se "berlusconise", estime l'opposition de gauche, en allusion à son homologue italien Silvio Berlusconi, propriétaire de trois grandes chaînes en Italie et dont des proches sont administrateurs de la télévision publique, la Rai.

"Si le président de la République s'est immiscé dans le dossier de la reprise du Monde pour privilégier une solution sur une autre, c'est inacceptable", a dit Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste, lors d'un point presse.

"Je pense qu'à bien des égards, depuis longtemps, Sarkozy c'est bien plus que Berlusconi", a-t-il ajouté.

Pour le PCF, "cette convocation témoigne à elle seule de moeurs pour le moins douteuses entre les médias et le pouvoir en place". Son porte-parole Olivier Dartigolles a demandé que la lumière soit faite sur les menaces présumées de suspension des aides de l'Etat à l'imprimerie du Monde.

A nouveau interrogé lundi sur ce sujet, l'Elysée s'est refusé à tout commentaire.

Le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, a parlé d'une "rumeur" colportée par la presse et a justifié la rencontre par le fait qu'en France, la presse soit aidée par l'Etat.

Il n'a pas été question de l'intervention de Nicolas Sarkozy lors du conseil de surveillance, a dit Gilles Van Kote.

Clément Guillou, avec Leïla Abboud, Yann Le Guernigou et Laure Bretton, édité par Yves Clarisse