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"De la gêne au malaise grave, jusqu’à la mort": pourquoi les algues vertes inquiètent la Bretagne

Prévention contre le danger des algues vertes sur une plage bretonne

Prévention contre le danger des algues vertes sur une plage bretonne - BFMTV

Fléau breton, une marée d'algues vertes a envahi une partie des côtes bretonnes cette année. Toxiques, elles sont accusées d'être à l'origine de plusieurs décès.

"C'est une année noire", déclare Thierry Burlot, vice-président du conseil régional de la Bretagne en charge de l'environnement, contacté par BFMTV.com. Six plages bretonnes ont été fermées cette saison en raison de marées particulièrement fortes d'algues vertes toxiques qui se sont répandues sur certaines parties du littoral.

Depuis 2010, la région a mis en place des plans de lutte contre ce phénomène dangereux. Mais cette année, la météo a entraîné la prolifération de cette espèce, "la canicule a aggravé le phénomène", assure Thierry Burlot. Ces algues sont particulièrement concentrées dans les baies fermées, où elles stagnent, parce que "l'eau ne se renouvelle pas".

"En ce moment c'est dur", continue le vice-président. Sur les 2700km de côte bretonne, ce phénomène touche 5% du littoral, "mais cela les touche durement, ce sont toujours les mêmes qui trinquent".

"De la gêne au malaise grave, jusqu’à la mort"

"La dangerosité des algues vertes est liée principalement à la libération d’un gaz, l’hydrogène sulfuré (H2S), produit lorsque les algues échouées entrent en putréfaction", écrit l'Agence Régionale de Santé bretonne.

Ces algues dégagent un gaz toxique quand elles se décomposent. "S’il est respiré, ce gaz peut entraîner des effets sur la santé qui vont de la gêne au malaise grave jusqu’à la mort, en fonction de la concentration libérée", explique l'ARS Bretagne. Asséchées, une croûte couleur sable se forme à la surface des algues, et des poches de gaz se constituent dessous. Marcher dessus peut alors s'avérer dangereux.

Le phénomène inquiète donc les habitants. Début juillet, un ostréiculteur a été retrouvé mort dans la baie de Morlaix (Finistère). Les associations ont pointé du doigt la responsabilité des algues dans ce décès, mais une autopsie a écarté cette cause. La famille d'un joggeur de 50 ans, mort en 2016, dans une vasière envahie d'algues vertes dans les Côtes-d'Armor, a de son côté porté plainte ce mercredi contre les pouvoirs publics, persuadée que les algues vertes sont responsables du décès.

En 2009, un cheval était mort dans les Côtes d'Armor, après s'être enfoncé dans les algues vertes en décomposition. La justice avait reconnu la responsabilité de l'État dans cette affaire, une première.

L'agriculture intensive en question

La prolifération de ces algues vertes est principalement liée à la présence excessive de nitrates dans les eaux, apportées par les activités humaines, notamment l'agriculture intensive.

"Tout ce que l'on peut faire, c'est réduire la concentration en azote et en phosphore dans l'eau", explique Thierry Burlot.

La région Bretagne a mis en place un plan de lutte contre les algues vertes, notamment pour "dépolluer" l'eau en faisant évoluer les pratiques agricoles. "Le seul moyen de parvenir à une maîtrise des échouages est 'd’affamer' les algues en azote, ce qui suppose d’atteindre des concentrations en nitrates extrêmement basses dans les cours d’eau", explique le site de la préfecture de Bretagne.

Depuis la mise en place de ce plan, "on a vu une réduction très claire des apports d'azote dans les relevés", assure Thierry Burlot. "Dans la baie de Saint-Michel-en-Grève, on est passé de 30.000 tonnes d'algues vertes à moins de 10.000 tonnes aujourd'hui", explique-t-il.

L’enjeu étant de réussir à maîtriser la prolifération de ce phénomène d'ici 2027.

Salomé Vincendon