Les algues vertes sont-elles à l'origine de la mort d'un ostréiculteur en Bretagne?

Des algues vertes sur l'îles de Plouha (Côtes-d'Armor), en juin 2011. - Damien MEYER / AFP
Cet été encore, de nombreuses plages bretonnes sont en proie à une "marée verte". Ces algues vertes toxiques qui envahissent les côtes sont qualifiées de fléau par des associations de défense de l'environnement. Elles inquiètent d'autant plus alors qu'elles pourraient être à l'origine de la mort brutale d'un ostréiculteur de 18 ans, samedi dans la baie de Morlaix, dans le Finistère.
Un saisonnier "en pleine santé"
Le corps du saisonnier "censé être en pleine santé" a été retrouvé dans un parc à huîtres de la baie de Morlaix. Le procureur de la République de Brest Jean-Philippe Récappé, déclare à BFMTV.com que "de l’eau a été retrouvée dans les poumons", ce qui signifie que "la victime a probablement respiré alors qu’elle avait le visage dans l’eau".
Les premiers éléments de l'enquête indiquent donc que la victime serait morte d'une noyade, alors "qu'aucune cause ayant pu provoquer un malaise cardiaque ou autre n’a été mise en évidence par l’autopsie réalisée lundi matin".
Toutefois, Jean-Philippe Récappé ajoute que les "expertises classiques en toxicologie et anatomopathologie sont en cours à Brest" et que "des expertises de sang et de poumon sont en cours dans un autre laboratoire spécialisé pour la recherche de la présence d’hydrogène sulfuré pouvant provenir d’une décomposition d’algues". Les résultats définitifs ne seront pas connus avant la fin de la semaine prochaine, précise-t-il.
Une intoxication à l'hydrogène sulfuré?
Certaines associations montent déjà au créneau pour pointer du doigt la responsabilité des algues vertes. En première ligne, l'association "Halte aux marées vertes" et "Sauvegarde du Trégor", qui ont envoyé un courriel au procureur de Brest dans lequel elles évoquent "la piste d'une intoxication à l'hydrogène sulfuré", gaz toxique libéré par les algues vertes échouées en décomposition.
Disant s'être rendues sur les lieux du drame, elles assurent avoir "découvert un vaste espace vaseux recouvert par une nappe continue d'algues vertes".
"Comment ne pas mettre en relation cette poussée anormale d'algues en ces lieux avec la rivière du Frout, qui se jette dans la baie dans laquelle nous avons mesuré un taux de 53 mg/l de nitrates", s'interrogent les associations.
Nitrates et agriculture intensive
Plus globalement, elles dénoncent les nitrates et l'agriculture intensive qui polluent les cours d'eau et sont à l'origine de ces algues, qui libèrent en se décomposant du sulfure d'hydrogène (H2S), un gaz potentiellement mortel. Elles alertent aussi sur le traitement de ces algues, dont la présence est de plus en plus massive sur les zones côtières:
"Il faut laisser les algues s'égoutter et tout de suite les traiter. Or le centre de traitement est saturé. Où vont aller les algues?", s'interroge sur BFMTV André Ollivro, coprésident de l'association.