Dans le var, la situation s'améliore, les questions émergent

Un autocard dans la Nartuby à Draguignan. La situation s'améliorait sensiblement dans le Var samedi, quatre jours après les intempéries ayant provoqué la mort de 25 personnes dans des zones exposées aux risques d'inondations. /Photo prise le 18 juin, 2010 - -
MARSEILLE (Reuters) - La situation s'améliorait sensiblement dans le Var samedi, quatre jours après les intempéries ayant provoqué la mort de 25 personnes dans des zones exposées aux risques d'inondations.
Plusieurs études montrent que les mairies connaissaient les risques encourus dans certains cantons proches des rivières de la Nartuby ou de l'Argens en cas de crue exceptionnelle, comme dans la nuit de mardi à mercredi.
Une dizaine de personnes étaient toujours portées disparues samedi et les recherches se poursuivaient dans quelques zones sinistrées, notamment dans la vallée de l'Argens, a annoncé la préfecture du Var dans un communiqué.
Plus de 4.300 personnes participent aux opérations de déblayage et des renforts sont encore attendus.
Seules cinquante personnes, sur les communes de Trans-en-Provence et du Muy, restaient privées d'électricité, selon la préfecture.
La couverture en téléphonie mobile était assurée à 80% vendredi soir, l'objectif étant de la rétablir dans la journée, a dit la préfecture qui recommande toujours de se passer de la consommation de l'eau du robinet dans plusieurs communes.
Les secours poursuivent l'enlèvement des carcasses d'animaux, ovins et bovins, qui jonchent encore les cours d'eau. Plus de 60 tonnes de carcasses ont déjà été enlevées.
Toutes les écoles de l'arrondissement de Draguignan rouvriront lundi leurs portes à l'exception de celles de Fréjus.
CATASTROPHE NATURELLE
L'état de catastrophe naturelle sera prochainement déclaré pour les communes appartenant à neuf cantons (Callas, Draguignan, Fayence, Fréjus, Le Luc, Lorgues, Le Muy, Besse et Cotignac), a annoncé vendredi le gouvernement.
La procédure de catastrophe naturelle permet notamment à tout particulier bénéficiant d'un contrat d'assurance dommages pour ses biens de solliciter une indemnisation, dès lors que l'arrêté interministériel est publié au Journal officiel.
Douze personnes sont mortes à Draguignan, quatre à Trans-en-Provence, trois à la Motte. Les autres victimes ont été recensées au Luc, à Fréjus, à Roquebrune sur Argens, à Montauroux et à Saint-Aygulf.
Nicolas Sarkozy se rendra lundi dans le Var, où se posent les mêmes questions qu'en Vendée et en Charente-Maritime après la tempête Xynthia, qui avait causé la mort de 53 personnes fin février.
En 2005, la direction départementale de l'équipement (DDE) décrivait dans son plan de prévention des risques d'inondation (PPRI) les conséquences dramatiques qu'auraient une crue remarquable de la Nartuby.
"Dans la commune de Draguignan, on dénombre dans la zone inondable de la Nartuby, environ 50 bâtiments commerciaux ou artisanaux, 150 habitations individuelles et 15 immeubles collectifs en zone inondable. En outre, une maison de retraite, la maison d'arrêt et le SDIS (la caserne de pompiers, ndlr) sont fortement touchés en cas de crue centennale", peut-on lire.
C'est dans ces zones qu'ont eu lieu les dégâts les plus importants, la maison d'arrêt étant évacuée et les pompiers se retrouvant les pieds dans l'eau.
"TRÈS FORT RISQUE"
Le début de la zone industrielle de Saint-Hermentaire et la limite avec la commune de Trans-en-Provence sont qualifiées de secteurs "à très fort risque", où "aucune construction et installation nouvelle ne peut être autorisée". Ils comprennent 17 bâtiments commerciaux et 20 habitations.
Les mêmes observations existent dans le PPRI de Trans-en-Provence, avec 15 bâtiments commerciaux et sept habitations en zone rouge.
Même si le PPRI n'est pas rétroactif, la mairie de Draguignan a omis depuis 2005 de l'annexer à ses documents d'urbanisme, reconnaît son directeur de l'urbanisme.
"C'est une erreur, mais nous sommes fidèles à son esprit", a dit Nicolas Demule au Journal du Dimanche, ajoutant qu'aucun permis de construire en zone inondable n'a été accordé depuis.
La commune de Roquebrune sur Argens, où deux personnes ont trouvé la mort, n'a, elle, jamais approuvé de PPRI, alors que la commune a fait l'objet de 16 arrêtés de catastrophe naturelle depuis 1982, selon le JDD.
Le journal fait état d'une autre étude, de la Mission risques naturels (MNR), qui estime à 59.000 le nombre de logements en zone inondable dans le département, en se basant sur le recensement de 2006.
Le Premier ministre François Fillon a demandé vendredi au ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo "de faire le bilan des dispositifs de prévision et de risques liés aux crues type méditerranéen."
Jean-François Rosnoblet, avec Clément Guillou à Paris, édité par Jean-Philippe Lefief