Dans le 93, des cabinets médicaux transformés en forteresses

Le 22 février, Michèle Alia, gynécologue à Pierrefitte (Seine-Saint-Denis), s'était faite agresser par un jeune qui avait fait irruption dans son cabinet afin de lui voler son sac à main. - -
Le 22 février dernier, Michèle Alia, gynécologue à Pierrefitte (Seine-Saint-Denis), s'était faite agresser par un jeune qui avait fait irruption dans son cabinet afin de lui voler son sac à main. La praticienne avait été blessée, de même que des patients qui avaient tenté de s'interposer.
En signe de protestation, les professionnels du département se réunissent devant son cabinet ce vendredi. Tous témoignent d'une augmentation du nombre d'agressions lors des consultations. Celle de Michèle Alia était la cinquième depuis le mois de décembre dans la commune. Certains médecins affirment avoir transformé leur cabinet en véritable forteresse.
« Marre que la République s'arrête aux portes de nos communes »
Josselyne Rousseau, médecin généraliste à Pierrefitte, témoigne de la manière dont elle a été obligée d'équiper son cabinet, après avoir été agressée trois fois en deux ans : « Déjà, il y a une alarme depuis un petit bout de temps. Puis une caméra dans la salle d'attente, d'où je filme en permanence ce qui se passe. Et un vidéophone, avec une ouverture à distance de la porte, d'où je contrôle les entrées et les sorties de tous les patients. A partir d'une certaine heure je n'ouvre plus à n'importe qui. Nous n'avons pas vocation à vivre dans des forteresses comme est devenu mon cabinet. On voudrait vivre normalement dans une zone de droit, on en a marre que la République s'arrête aux portes de nos communes ».
En octobre 2009 notamment, elle avait été agressée à main armée en sortant tard de son cabinet. Il y a trois semaines encore, des hommes cagoulés l'attendaient dans l'escalier, mais elle était parvenue à les éviter.
« On nous pique ordinateur, sac à main... »
« A chaque fois on nous pique ordinateur, sac à main... Moi je n'ai plus d'espèces sur moi. Je sors sans sac à main, je n'ai plus de carte bleue. je ne transporte plus d'ordinateur. Je n'ai plus rien sur moi », conclut Josselyne Rousseau.
Un témoignage parmi d'autres et confirmé par les derniers chiffres de l'Observatoire de la sécurité des médecins 2010, qui révèlent une aggravation de la violence des agressions. En outre, les agressions verbales représenteraient 54% des incidents déclarés. Ce sont les généralistes qui sont les premières cibles d'agressions (62%) et le département de la Seine-Saint-Denis reste en tête des déclarations d'incidents.