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Dans l'Aisne, un village entier contraint d'évacuer à cause d'une opération de déminage

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À compter de ce mardi, le village de Levergies, dans l'Aisne, va se vider de ses 550 habitants pour une semaine. Ils feront place aux démineurs chargés d'extraire les 1500 obus de la Première Guerre mondiale trouvés sur place, avant de les détruire.

En temps normal, le village axonais de Levergies ne compte que 550 habitants. Or, à compter de ce mardi, pour toute la journée et jusqu'à vendredi inclus, la commune ne sera plus peuplée que de démineurs et de gendarmes: il s'agira d'extraire, puis de se débarrasser, des 1500 obus - soit 28 tonnes - de la Première Guerre mondiale découverts sur place à l'occasion de travaux routiers en juin dernier.

"Ils sont à peu près à 2 mètres de profondeur, empilés les uns sur les autres", explique au micro de BFMTV le maire, Bernard Nuttens. "C’est ça qui représente le danger. Si un obus explose, c’est tout le tas qui explose", s'inquiète-t-il. D'où la prudence adoptée par les autorités et les spécialistes. C'est ainsi un périmètre de 800 mètres qui doit être dégagé.

Solidarité locale

Les gendarmes devaient commencer leur porte à porte à 8h afin ce mardi, afin de s'assurer que les riverains avaient évacué ou étaient en train de le faire. Certains ont choisi de se réfugier au sein de leur famille mais la plupart des habitants regagneront leur domicile en fin d'après-midi ou dans la soirée.

En soi, l'opération ne semble pas poser de problème majeur à la population. "Les gens acceptent quand même volontiers de partir du village", témoigne ainsi le maire, qui compte sur la solidarité locale. Les villages voisins accueilleront les jeunes élèves mais aussi les séniors.

70 gendarmes mobilisés

Certains habitants craignent toutefois de laisser leur maison vide. "Les craintes de la population, c’était surtout les cambriolages pendant l’évacuation", reconnaît Bernard Nuttens.

70 gendarmes sillonneront donc le village, soutenus par le survol de trois drones. "Il y a quelques réfractaires qu’on connaît, qui sont identifiés, et les gendarmes, malheureusement, vont devoir s’en occuper", expose encore le maire. Toute personne n'ayant pas quitté les parages après 8h30 sera en effet placée en garde à vue.

Une fois récupérés, les obus seront convoyés jusqu'au camp militaire de Sissonne, à une soixantaine de kilomètres au sud de Levergies, où ils seront enfin détruits, plus de cent ans après la "course à la mer", la bataille de la Somme et les autres combats qui les avaient fait pleuvoir.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV