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Société

Critiques sur le projet de refonte du système pénitentiaire

Les syndicats critiquent le projet de réforme de la carte pénitentiaire annoncé lundi soir par Michèle Alliot-Marie, estimant cette refonte motivée par des objectifs d'économies et non par une volonté d'humanisation des prisons. /Photo d'archives/REUTERS/

Les syndicats critiquent le projet de réforme de la carte pénitentiaire annoncé lundi soir par Michèle Alliot-Marie, estimant cette refonte motivée par des objectifs d'économies et non par une volonté d'humanisation des prisons. /Photo d'archives/REUTERS/ - -

PARIS (Reuters) - Les syndicats critiquent le projet de réforme de la carte pénitentiaire annoncé lundi par Michèle Alliot-Marie qu'ils estiment...

PARIS (Reuters) - Les syndicats critiquent le projet de réforme de la carte pénitentiaire annoncé lundi par Michèle Alliot-Marie qu'ils estiment motivé par des objectifs d'économies et non par une volonté d'humanisation des prisons.

Le ministère de la Justice a annoncé lundi soir que 23 petites maisons d'arrêt vétustes, représentant environ 9.000 places, seront fermées "pour la plupart entre 2015 et 2017", tandis que 14.000 places seraient ouvertes dans une vingtaine d'établissements.

Trois établissements pénitentiaires pour peine, à Clairvaux (Aube), Bar-le-Duc (Meuse) et Poissy (Yvelines) seraient réaménagés avec appel aux collectivités locales. La France disposerait alors de 68.000 places de prison.

Les 191 prisons françaises sont régulièrement critiquées en raison de leur surpopulation (62.113 détenus au 1er juillet pour 56.400 places), leur vétusté fréquente, voire leur saleté, et un fonctionnement inadéquat vu comme à l'origine d'un nombre de suicides record en Europe - 115 en 2009 et 76 depuis début 2010 selon l'association Ban public.

Le garde des Sceaux s'est rendue mardi matin à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), plus grand centre de détention d'Europe avec plus de 3.100 places. Cet établissement, qui va subir des travaux de modernisation, avait été l'objet en 2009 d'un reportage clandestin réalisé par les détenus pour dénoncer leurs conditions de vie.

Les syndicats disent ne pas être opposés au principe d'une refonte de la carte pénitentiaire mais déplorent ne pas avoir été consultés sur le choix des établissements à fermer et voient derrière le projet des motivations purement économiques.

"Nous n'avons été associés à aucune réflexion. Cette annonce est faite un lundi soir à la fin du mois de juillet. Il y a de la part du gouvernement une volonté de faire ça dans son coin, sans concertation", a dit à Reuters Céline Verzeletti, secrétaire général de la CGT Pénitentiaire.

"Nous sommes d'accord pour la fermeture de prisons vétustes, mais nous demandons qu'elles soient remplacées à proximité par de petites structures de 200 places et non pas des grandes institutions de 700 ou 800 places", explique-t-elle.

STRUCTURES À TAILLE HUMAINE

Pour les organisations syndicales, dont l'UFAP (Union fédérale autonome pénitentiaire), c'est la taille des futures prisons qui va constituer le principal problème.

Les grandes structures pénitentiaires sont moins favorables au travail de réinsertion et "d'humanisation" car elles génèrent plus de tensions, plus de violences entre les détenus et plus de suicides.

"On va créer des places mais pas dans des conditions idéales pour la population pénale", a dit Stéphane Barraut, secrétaire général adjoint de l'UFAP sur i-Télé. "Nous sommes favorables à des établissements à taille humaine et pour l'instant ce n'est pas ce vers quoi on se dirige", a-t-il ajouté.

"Il est clair que construire une prison de 800 places coûte moins cher que d'en construire quatre de deux cents places", note Céline Verzeletti.

Pour FO Pénitentiaire, l'annonce de Michèle Alliot-Marie est perçue comme un déclenchement des hostilités car elle porte "un grave coup aux personnels et à leurs familles" en les obligeant à des déplacements plus longs pour se rendre sur leur lieu de travail.

Le syndicat appelle "dès à présent tous les personnels à se préparer au vent de fronde qui va se lever pour renverser (...) les fossoyeurs du système pénitentiaire".

La CGT annonce qu'elle va tenter d'explorer différentes voies de négociation mais n'exclut pas devoir recourir à une "mobilisation forte" si cela est nécessaire.

Sur son site, l'UFAP/UNS dit prendre acte de l'annonce du ministère de la Justice et réitère son opposition à une politique "quantitative, économique et antisociale".

Depuis plusieurs années, les syndicats des gardiens de prison ont organisé des mouvements de grève pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail et le manque d'effectifs.

Pierre Sérisier, édité par Thierry Lévêque