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Société

Crise de l'oeuf : merci l'Europe !

Le Parti pris de Christophe Bordet, tous les matins à 8h25 sur RMC.

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Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll reçoit les producteurs d’œufs ce mardi. Objectif: trouver une solution pour faire remonter les cours en France. Pour Christophe Bordet, c'est Bruxelles qui est en train de tuer l'œuf Français.

« Bruxelles est en grande partie responsable de cette crise des œufs, avec la complicité du ministre Français de l'Agriculture, mais surtout il ne faut pas le dire. D’ailleurs, le ministre n'en parle pas. Pour lui, si les cours de l'œuf sont aujourd’hui si bas, c’est de la faute de la grande distribution mais pas des instances européennes. La vérité est plus subtile. La vérité c'est que Stéphane Le Foll est coincé par l’Europe et n'a pratiquement aucune marge de manœuvre. Résultat, il déclare, je cite : "Je n'ai aucun moyen, si ce n'est d'appeler chacun à la responsabilité". Aveux de faiblesse. Le Foll n'a plus de pouvoir, c'est le pantin de Bruxelles.
Concrètement que se passe-t-il ? Autrefois, lorsqu’il y avait une surproduction d'œufs, comme c'est le cas aujourd'hui, l’Europe achetait cette surproduction pour maintenir les cours. Aujourd’hui, elle ne le fait plus. C'est le marché qui se régule tout seul comme un grand. Résultat, plus il y a d’œufs, moins ils se vendent chers.
Que demandent les producteurs ? Et bien que la France rachète une partie de la surproduction, 5% à peu près, qui ne serait plus destinée aux particuliers mais à la fabrication d'aliments pour animaux, par exemple. Une telle mesure permettrait de retrouver un cours de l’œuf honorable. Pour info, la centaine d'œuf est aujourd'hui côtée à 4,50 euros mais leur production coûte 7,50 euros aux aviculteurs. On comprend mieux le problème. Evidemment, un tel rachat aurait un coût pour l’Etat, 2 à 3 millions d’euros. C’est nous qui devrions payer, mais les producteurs avertissent : c'est ça ou la mort de nombreux aviculteurs et des pertes d'emplois par dizaines. Il faut donc choisir ».

Qu'est-ce qui pourrait empêcher Stéphane Le Foll , le ministre de l'Agriculture, d'accepter le rachat du surplus d'œufs en France?

« L'Europe ! La France ne peut pas prendre la responsabilité de débloquer de l'argent pour acheter ce surplus, sinon Bruxelles va lui tomber dessus à bras raccourcis pour concurrence déloyale. Si l'on aide financièrement les producteurs français, il faut le faire pour tous les autres en Europe. Voilà pourquoi Le Foll n'a rien à dire aux producteurs Français. Il est pieds et poings liés ».

Le ministre peut quand même agir sur un autre levier, les grandes surfaces, accusées de faire baisser les prix d'achat.

« C'est sûr que grâce au système européen, les grandes surfaces auraient tort de ne pas faire baisser les prix d'achat. Moins 8% depuis le mois de mai et c'est ce qu’elles s'apprêtent à réclamer, une fois de plus, lors des négociations annuelles qui vont débuter en septembre avec les producteurs.
Mais je voudrais les mettre en garde sur deux points. D'abord, qu’elles n'aillent pas trop loin, parce qu’une exploitation de 100 000 poules qui emploie cinq salariés, ça représente 10 emplois indirects. Donc attention de ne pas jouer les pyromanes sur le front du chômage.
Ensuite, le cours des œufs s'effondre déjà depuis plusieurs semaines, mais c'est bizarre, dans les rayons, les prix ne diminuent pas. Ils restent stables. En ce moment, la marge des distributeurs, c'est 3 à 4 fois le prix de l'œuf au départ. Je le dis et le répète, cette situation, c'est Bruxelles qui l'a créée en n'achetant plus les surplus. Au final, les consommateurs tout comme les producteurs sont les dindons de la farce. Merci l'Europe ».

Christophe Bordet