BFMTV
Société

Crèches : vers un quota de 10% d’enfants pauvres

Actuellement, 4% des enfants pauvres ont une place en crèche, alors qu'ils représentent 20% des enfants de France

Actuellement, 4% des enfants pauvres ont une place en crèche, alors qu'ils représentent 20% des enfants de France - -

Pour permettre un meilleur accès aux crèches, le gouvernement devrait proposer un quota de 10% d’enfants pauvres dans les crèches lors du Comité interministériel contre l'exclusion ce lundi. Une mesure injuste, estiment des membres de l'opposition.

Création de places d’hébergement d’urgence, nouveau contrat pour les jeunes, revalorisation du RSA, réforme de la prime pour l’emploi ou encore réforme des crèches… Jean-Marc Ayrault doit détailler son plan quinquennal contre la pauvreté ce lundi, lors du Comité interministériel contre l'exclusion. Si les grandes lignes avaient été annoncées en décembre, les modalités d'exécution et le calendrier n’avaient pas été dévoilés. Parmi toutes ces mesures, l’une d’elle intéressera particulièrement les parents : l'instauration d'un quota de 10% pour les enfants pauvres dans les crèches.
Lorsque la mesure sera en vigueur, les crèches devront accepter 10% d'enfants vivant sous le seuil de pauvreté. La loi en impose 5% pour le moment, mais elle n'est pas respectée, et pas vraiment contrôlée. Le gouvernement devrait laisser un délai de mise en œuvre de trois ou quatre ans, mais en attendant, le déséquilibre est criant : seuls 4% des enfants les plus pauvres sont gardés en crèche alors qu'ils représentent 20% des enfants de France.

« Une éviction des enfants pauvres »

« Les quotas sont nécessaires, parce qu’en gros, ce ne sont que les familles où les deux parents travaillent qui sont prioritaires pour accéder aux crèches », juge Christophe Noblecourt, l'un des contributeurs à cette mesure. Adjoint socialiste à l'action sociale et familiale à Grenoble, une ville qui pratique la politique des quotas, il considère que « le mécanisme actuel entraîne une éviction des enfants en situation de pauvreté. Ce seuil de 10% va mettre en mouvement les mairies, les associations, et l’ensemble des gestionnaires de crèches, publiques ou privées, pour que les enfants pauvres puissent enfin y avoir accès. A Grenoble, nous sommes à 30% d’enfants en situation de pauvreté dans nos crèches, tout simplement parce que nous avons 30% d’enfants pauvres à Grenoble ».

« Bien utiliser l’argent du contribuable »

Dominique Tian, maire des 6e et 8e arrondissements de Marseille, considère en revanche que la mesure n’est pas justifiée. « Des quotas, des quotas, c’est toujours la politique du Parti socialiste, regrette le député UMP des Bouches-du-Rhône. Le critère seul de pauvreté ne me paraît pas un critère pertinent, ce qu’il faut c’est que ce soit le plus opportun possible. On essaye d’être utile, mais être utile, c’est de garder les enfants d’une maman qui travaille plutôt qu’une maman qui ne travaille pas et peut s’occuper de son enfant. S’il faut aller jusqu’au bout du raisonnement pour bien utiliser l’argent du contribuable, il faut que ce soit un enfant pauvre, mais dont la maman travaille ».

Mathias Chaillot avec Valentine Oberti