Coursiers Uber Eats ou Deliveroo, ils louent illégalement leurs comptes à des sans-papiers et des mineurs
Deliveroo, Uber Eats, Stuart... ces dernières années, ces plateformes de livraison ont fleuri, notamment à Paris. Pour travailler sur ces plateformes, les livreurs doivent être auto-entrepreneurs et fournir des documents d'identité. Mais une fois le profil créé, certains titulaires détournent le système en louant leur compte à des sans-papiers ou encore des mineurs qui ne pourraient pas fournir les documents nécessaires.
Ainsi dans les rues de Paris, il n'est pas rare de rencontrer un livreur qui utilise un compte dont il n'est pas titulaire. Dans les rues de Paris, notre équipe interroge des livreurs sur cette pratique. L'un d'eux admet ne pas être inscrit sur la plateforme mais exercer malgré tout. "Je suis livreur Uber mais je ne connais pas vraiment... C'est quelqu'un m'a inscrit. C'est un ami", admet-il avant de s'esquiver rapidement.
Des propositions de locations sur internet
De nombreux travailleurs sans-papiers ou mineurs loueraient ainsi les comptes de livreurs tiers pour pouvoir travailler, une pratique illégale. Ces échanges de compte sont pourtant à portée de clic sur internet. Sur les réseaux sociaux, des propositions de location de compte sont ainsi facilement trouvables. Les livreurs titulaires proposent ainsi l'accès à leur compte moyennant une commission, un pourcentage sur les courses effectuées.

Sur les réseaux sociaux, nous discutons avec l'un de ces livreurs et lui demandons s'il accepte de louer son compte à quelqu'un qui ne peut pas travailler en France.
"Peu importe, si ça peut aider quelqu'un dans le besoin", répond-il.
"Je me fais arnaquer"
Un autre livreur nous dira prendre un pourcentage supplémentaire pour une location à un mineur. Dans une vidéo que nous nous sommes procurée tournée par un coursier, ce dernier s'étonne de croiser un adolescent de 16 ans en train de livrer et le questionne.
"Tu travailles sur quelle plateforme? T'es un peu jeune pour faire ça non?", lui demande-t-il. "En fait je travaille avec le compte de quelqu'un", explique l'adolescent assurant lui verser 50% des courses. "Je me fais arnaquer", reconnaît-il lui-même.
Ces pratiques sont dénoncés par les livreurs qui respectent la loi. "On en croise quasiment tous les jours quand on livre, que ce soit des mineurs ou des sans-papiers. Les gens s'en plaignent. Ce sont des gens à qui on prend un revenu conséquent et on profite du fait qu'ils ne peuvent rien dire pour gagner de l'argent sur leur dos", constate Jean-Daniel Zamor, président du collectif des livreurs autonomes parisiens.