Corrèze: une grève symbolique pour interpeller Hollande sur la baisse des dotations de l'Etat

François Hollande dans son fief de Tulle, le 16 janvier 2016. - GEORGES GOBET - AFP
C'est une initiative pour le moins originale qui a touché le département de la Corrèze, fief de François Hollande, jeudi. Pascal Coste, le président Les Républicains du Conseil départemental, a demandé à tous les agents de la collectivité de débrayer pour protester contre la baisse des dotations de l’État, estimée à 13 millions d'euros entre 2014 et 2017 pour son département.
Résultat, tout a tourné au ralenti pendant une demi-journée: services publics fermés et agents ne répondant pas au téléphone, ramassage scolaire réduit, repas froids servis dans les cantines... De quoi simuler la situation qui, d'après certains, attend le département du fait de ces coupes budgétaires.
"Une opération anti-républicaine" selon l'opposition
Dans un courrier daté du 19 septembre et adressé aux agents du département, Pascal Coste annonçait pour "le jeudi 22 septembre au matin, une demi-journée durant laquelle tous les services seront en mode 'dégradé'", "pour montrer aux Corréziens l'impact que pourrait avoir la baisse de nos moyens financiers". Pour Bernard Combes, son opposant PS qui a succédé a la mairie de Tulle à François Hollande, cette grève sans précédent est "une opération anti-républicaine" et "purement politicienne".
Le chef de file de l'opposition au conseil départemental accuse en outre Pascal Coste d'avoir appelé les principaux des collèges à "se livrer à la délation en leur demandant de dénoncer" les agents qui refuseraient de cesser le travail.
"On a une dépense bien supérieure à d'autres départements"
Selon Pascal Coste lui, cette baisse de 13 millions d'euros est "colossale" pour le budget d'un département rural.
"Les départements ruraux ont une spécificité, c’est qu’en plus d’avoir la difficulté de l’ensemble des départements, on a une prévalence à l’aide aux personnes âgées qui fait qu’on a une dépense bien supérieure à d’autres départements. Donc on a un effet ciseaux, avec une dépense qui augmente fortement et des recettes qui baissent", dénonce-t-il sur BFMTV.
Dénoncer le "désengagement de l'Etat"
Sur le terrain, certains constatent déjà des difficultés, comme en témoigne une des agents territoriaux de la commune:
"C’est de plus en plus complexe pour les intercommunalités de trouver des financements puisque le fait qu’il y ait moins d’aide nécessite de faire preuve soit d’innovation pour les communes, soit de réduire quelques fois certains projets", explique-t-elle sur BFMTV.
Pour Pascal Coste, ce débrayage s'inscrit dans le cadre de la semaine de mobilisation organisée par l'Association des départements de France pour dénoncer le "désengagement de l'Etat".
En réponse à cette initiative, le maire a demandé aux élus "de ne pas prêter la main à cette opération", les invitant à saisir la préfecture et le tribunal administratif de ce "manquement au respect des lois de la République".