Confinement: comment télétravailler sans craquer
Alors que le confinement, annoncé initialement pour deux semaines, devrait être prolongé, nombre de Françaises et de Français se préparent - pour ceux dont le poste le permet - à une longue période de télétravail. Comment rester mobilisé tout en restant chez soi, seul devant son ordinateur, sans vie de bureau ni pause café avec les collègues?
Garder des horaires de travail
Première recommandation: conserver un rythme et des horaires de travail, avec un début et une fin, et continuer à se préparer le matin pour "maintenir les rituels qui donnent le sentiment que l'on va pouvoir faire comme d'habitude", conseille pour BFMTV.com Luce Janin-Devillars, psychologue clinicienne, psychanalyste et coach. "Le psychisme a besoin de biorythmes, ce qui est valable aussi bien pour la sphère professionnelle que la sphère privée."
Luce Janin-Devillars appelle également à se déconnecter et à limiter le temps passé sur les réseaux sociaux ou devant la télévision. "C'est encore plus important ces derniers temps de savoir débrancher, d'autant que le risque est de se distraire de ses objectifs."
Sans sortie au cinéma après la journée de travail, au restaurant ou avec les amis, la semaine risque de ressembler au week-end. Pour ne pas se démotiver, cette psychologue appelle à conserver des activités autre que professionnelles. "On peut se lancer dans des tâches qu'on avait négligées, comme faire un grand rangement ou du tri pour ne pas passer tout son temps devant l'ordinateur."
Prête "comme si j'allais au boulot"
C'est déjà ce qu'a mis en pratique Mélanie Blandin, la fondatrice de B.Between, une start-up spécialisée dans le conseil et l'accompagnement en développement commercial. Elle n'attaque pas ses nouvelles journées de télétravail sans être douchée et habillée, "comme si j'allais au boulot".
"C'est important d'instaurer des rituels, des règles et c'est rassurant d'avoir une structure, un cadre, raconte-t-elle à BFMTV.com. Pour moi comme pour ma collaboratrice, il faut aussi aménager ses horaires pour conserver une activité physique et s'aérer l'esprit."
Elle qui avait beaucoup de rendez-vous en extérieur et l'habitude de se déplacer quotidiennement prévoit notamment des plages horaires pour maintenir un semblant d'activité physique. "Il faut garder du mouvement pour ne pas finir invertébré!" La stratégie de l'entrepreneuse pour les semaines à venir: découper l'agenda en créneaux et se fixer de petits objectifs afin de ne pas se disperser ni se sentir submergé.
Une nouvelle routine
Pour Sébastien Galland, psychologue spécialisé en psychologie du travail, il est également nécessaire de modifier ses pratiques, aussi bien pour les salariés que les managers, afin de parvenir à s'adapter. "Il n'y a que des cas particuliers, explique-t-il à BFMTV.com. Certains vont avoir d'un coup beaucoup de travail et devoir en même temps s'occuper des enfants, d'autres beaucoup moins." La clé: installer une nouvelle routine.
"Il va falloir lâcher ses vieilles habitudes pour s'en créer de nouvelles, que l'on vive seul ou à plusieurs, ajoute Sébastien Galland. C'est peut-être là d'ailleurs une belle opportunité, tant personnelle que professionnelle, de se moderniser."
Selon ce psychologue, il est ainsi important dans ce nouvel agenda de conserver des temps de pause et d'autres consacrés à la vie de famille. "Le travail s'impose à la maison, ce qui signifie que la vie professionnelle n'ira pas sans la vie de famille."
Redonner de la place aux échanges informels
L'autre difficulté, pointe Sébastien Galland, c'est l'absence de vie sociale. "Le travail, c'est aussi du lien social. Les discussions entre collègues, le fait de se retrouver à la machine à café, la pause du midi, il ne s'agit pas que de productivité. Comment redonner de la place à ces échanges informels?" s'interroge-t-il. Car selon lui, de simples échanges de mail ne suffisent pas.
"Les salariés doivent pouvoir également échanger sur cette nouvelle situation et partager cette expérience inédite. C'est indispensable qu'il y ait un espace pour cela. L'entreprise doit pouvoir garder du lien humain, cultiver le sentiment d'être tous ensemble bien qu'éloigné. Cela passe par une communication solidaire et transparente."
Lionel (qui n'a souhaité être présenté que par son prénom), cadre au sein d'une grande entreprise de paris en ligne, organise quotidiennement des visioconférences avec la quinzaine de membres de son équipe. "Tout le monde a besoin d'être rassuré, cela permet de ponctuer la journée", témoigne-t-il à BFMTV.com. Depuis le début de la semaine et le début du confinement, il est devenu une sorte d'éponge émotionnelle.
"Il y a beaucoup d'informations contradictoires. Aujourd'hui, j'ai dû annoncer du chômage technique pour une durée indéterminée à dix de mes collaborateurs. Mais il n'est pas exclu que l'on rétropédale dans quelques jours. On est dans le flou, on navigue à vue."
Pas question de perdre le lien avec sa salariée et ses cinq commerciaux externalisés, pour Mélanie Blandin, de B.Between. "On va essayer de garder le contact, notamment en s'appelant quotidiennement. L'idée, c'est d'essayer de garder le cap, d'essayer de rebondir et de continuer à avancer."