Comment lutter contre l'addiction aux jeux

Prévu pour cet automne, le plan de luttre contre l'addiction aux jeux concernera le Rapido, le jeu qui pose le plus de problèmes d'addiction puisqu'il agit sur la spontanéité du joueur. Ce dernier y joue « en direct », sur un écran de télé, où un nouveau tirage apparaît toutes les 5 minutes.
L'idée de limiter l'addiction au Rapido est évoquée depuis longtemps. Très populaire, ce jeu représente 23,7% du chiffre d'affaires 2007 de la Française des Jeux. Il devance largement le Loto (14,8%) et l'Euro Millions (11,2%).
Les mesures du plan
- Formation des professionnels (barman, patron de tabac) qui proposent le jeu et qui sont en contact avec la clientèle.
- Diminution du montant maximum de mise par bulletin : il passera de 500 à 100 euros.
- Limitation du nombre de jeux possibles : on ne pourra jouer que 5 fois la même grille, contre 20 fois aujourd'hui.
- Baisse du seuil de paiement en liquide du gain par le débitant : il sera ramené de 500 à 300 euros. Concrètement, au delà de 300 euros de gains, le joueur devra se rendre dans un centre de paiement de la Française des Jeux.
Un nouveau Rapido sera également lancé en 2009.
Très sceptique face à ces mesures annoncées, Sébastien Turay, journaliste et auteur de « La française des jeux : jackpot de l'Etat » (First Editions), dénonce un « un faux semblant, un écran de fumée autour de ce jeu, tout aussi addictif qu'une machine à sous dans un casino. On dit qu'un client ne pourra pas jouer plus de 5 fois d'affilée au Rapido, mais comment le contrôler ? Cela fait une fois de plus peser la responsabilité sur les gérants de bars, qui ont autre chose à faire et qui gagnent aussi 5% de ce qu'ils vendent. Ce n'est donc pas dans leur intérêt d'empêcher les gens de jouer. »
Le premier centre médical d'addiction au jeu
Une étude de l'Inserm, publiée cet été, estime qu'entre 600 000 et 1,5 million de personnes ont une dépendance plus ou moins marquée au jeu.
Le 16 octobre prochain, la ville de Nantes inaugurera le premier centre médical d'addiction au jeu. C'est une première en France. Ce « Centre de référence pour le jeu excessif » fait parti du CHU de Nantes. La Française des Jeux et le PMU en sont les deux mécènes.
Il a pour but de former des professionnels de l'addictologie, pour une meilleure prise en charge des malades. Des professionnels du jeu (comme les employés de Casino) seront également formés. La première session commencera dès le 22 septembre pour les professionnels. Un site internet pour le grand public sera également lancé cet automne. Le centre prévoit également de se développer vers d'autres domaines, comme notamment la dépendance aux jeux vidéo.
A quoi reconnaît-on un accro au jeu ?
« Les joueurs pathologiques se disent "j'ai un moyen d'être plus fort que le sort et je peux maîtriser l'aléa des numéros" », explique Michel Lejoyeux, professeur de psychiatrie et d'addictologie à l'hôpital Bichat dans lequel existe une consultation de jeu pathologique. Auteur de « Du plaisir à la dépendance : nouvelles addictions, nouvelles thérapies » (Editions La Martinière), il met en garde contre toute « attitude prohibitionniste. On peut développer une dépendance dure avec n'importe quoi », poursuit-il. Pour lui, ce n'est pas en interdisant ou en limitant l'accès à ces jeux, que l'on résout