Comment la malbouffe affaiblit durablement le système immunitaire

La nourriture trop grasse, trop salée ou trop sucrée abîme durablement le fonctionnement de notre organisme (illustration). - Lisa Yarost - Flick - CC
Encore une preuve de l’importance de ce qui se trouve dans nos assiettes. Les années de mauvaise nutrition laissent une empreinte définitive dans notre système immunitaire, même après avoir changé de régime alimentaire, conclut une étude publiée dans le numéro de novembre du Journal of Leukocyte Biology.
La nourriture grasse, sucrée et salée modifie le fonctionnement de certains gènes, notamment certaines cellules du système immunitaire sans retour possible, d’après cette étude néerlandaise menée sur des souris.
Un risque cardiovasculaire qui persiste
Cette modification se traduit par un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires, qui perdure dans le temps. "Les mauvaises habitudes alimentaires modifient ainsi durablement l'expression de certains gènes, dont les gènes liés à l'immunité. Ces modifications épigénétiques expliquent la persistance d'un risque cardiovasculaire plus élevé, même après l'adoption d'un mode de vie sain" explique Erik van Kampen qui a dirigé les travaux.
Les chercheurs de l'Université de Leiden, aux Pays-Bas, ont réalisé une étude sur deux groupes de souris, détaille le site Science World Report. Les animaux étudiés ont été génétiquement modifiés afin d’être plus facilement sujets à l’obstruction des artères due à une accumulation de corps gras.
Le fonctionnement des gènes modifié
Dans un premier groupe, les souris ont reçu un régime riche en gras et en cholestérol, de type "occidental", pendant plusieurs mois, pendant qu'un second groupe bénéficiait d’un régime normal. De la moelle osseuse de chacun des deux groupes a ensuite été transplantée sur des souris nourries normalement, et qui ont conservé un régime sain après la transplantation.
Les souris qui ont reçu de la moelle du premier groupe ont développé les mêmes troubles que ce dernier, prouvant ainsi que les effets néfastes perduraient, détaille un communiqué de presse des chercheurs. Ces derniers ont observé que l’état de leurs artères était dégradé et le restait même après un traitement visant à réduire le cholestérol et une modification de leur alimentation.
Leur athérosclérose (présence de plaques de lipides sur la paroi des artères) était toujours nettement supérieure. Il est aussi apparu que le nombre et l'état de leurs cellules immunitaires était différent.
La nutrition influence durablement le système immunitaire
Un changement à long terme dans l'expression des gènes a donc eu lieu. C'est ce qui explique que le risque de maladies cardiovasculaires reste plus élevé qu'il ne le serait s'il n'y avait pas eu d'exposition à des aliments malsains, concluent les chercheurs.
Ce constat d'une incidence durable de la nutrition sur les cellules immunitaires pourrait avoir des implications importante dans le traitement de certaines maladies. La manipulation de la façon dont les gènes s'expriment alliée à la réduction des lipides dans le sang, pourrait en effet se révéler une piste très intéressante pour traiter les troubles cardiovasculaires.