"Comme une libération": né d'une PMA avec don de gamète, il retrouve son géniteur, une première

Une membre de l'équipe du Cecos de l'hôpital Tenon, à Paris, réalise un processus d'un parcours de procréation médicalement assisté (PMA), le 24 septembre 2019. - Philippe LOPEZ / AFP
Mettre enfin un visage sur un inconnu. Pour la première fois, un enfant né d'une procréation médicalement assistée (PMA), avec don de sperme, a retrouvé son géniteur, après le vote de la loi de bioéthique en 2021. Il témoigne auprès de France Inter dans une interview publiée mercredi.
"D’un seul coup, c’est comme une libération", confie-t-il, ému.
La levée de l'anonymat des donneurs de gamètes, sperme ou ovocyte, n'est possible que depuis le vote de la loi de bioéthique du 2 août 2021, entrée en vigueur en septembre dernier. Avant cette date, impossible de connaître l'identité de l'auteur d'un don.
Plusieurs mois d'attente
Ce n'est qu'il y a quelques années, à la mort de son père, que Charles pressent que l'homme qui l'a élevé n'est pas son père biologique. Il décide donc de réaliser des tests ADN et de questionner sa mère sur le sujet. L'ensemble confirme l'intuition du trentenaire: il est né d'un don de sperme.
Quand la loi change, Charles prend contact avec la Commission d’accès des personnes nées d’une assistance médicale à la procréation aux données des tiers donneurs (Capadd) comme l'impose la procédure. Après plusieurs mois d'attente, il reçoit un courrier recommandé lui annonçant que sa demande a été acceptée, à sa plus grande surprise.
"Le plus émouvant, ça a été vraiment de recevoir la suite favorable. Ça peut paraître étrange, mais le fait de savoir que, de son côté, il a accepté de transmettre son information, veut clairement dire que c’est une personne ouverte", souffle-t-il.
Avec cette missive, Charles reçoit les informations de base concernant l'identité du donneur: nom, prénom, profession, mais aussi les motivations qui l'ont poussé à faire un don.
"Une grande sérénité"
Pour le trentenaire, connaître l'identité de celui qui lui a permis de voir le jour était essentiel.
"Ça m’apporte une grande sérénité d’avoir une partie de l’histoire (...) dont je n'avais pas connaissance", assure-t-il.
"Ça libère aussi beaucoup de choses au niveau des préoccupations qu’on peut avoir", ajoute encore Charles.
Il confie cependant ne pas avoir rencontré son géniteur et ne pas être certain de vouloir le faire dans le futur. "Si la vie fait qu’on échange, qu’on s’entend bien, pourquoi pas, mais je ne me vois pas avoir une relation sur le long terme avec lui", explique-t-il.
Une procédure complexe
Le cas de Charles reste pour l'instant unique. D'un côté, 363 demandes ont été déposées depuis par des enfants soucieux de connaître leur donneur, ou donneuse, depuis la création de la Capadd en 2022, et de l'autre, 325 donneurs ont donné leur accord pour être retrouvé. Mais seul le dossier de Charles a pour l'instant trouvé une issue positive.
La procédure est en effet complexe. "Ils ont pensé à la procédure uniquement pour les nouveaux donneurs", déplore le représentant de l’Association PMA Anonyme Timothée Marteau et membre de la Cappad, auprès de France Inter.
De fait, si pour les donneurs récents, soit après 2022, il leur suffit de donner leur identité en même temps qu'ils réalisent le don, l'affaire est plus complexe pour les dons anciens. La Cappad doit en effet contacter tous les centres de dons les uns après les autres, ces derniers engageant ensuite leurs propres recherches dans leurs archives.
"Il y a certains centres de dons qui, en 1h30, sont capables de donner l’identité du donneur. Mais pour d’autres, ça met des mois et des mois, quand certaines archives n’ont pas été détruites", explique-t-il, ajoutant que jusqu'à 25% des centres ne fournissent pas de réponse.
Vient ensuite la prise de contact avec le donneur, là aussi longue et semée d'embûches. "(Le donneur) doit remplir son consentement mais dans le centre où il a donné ses gamètes", s'agace Timothée Marteau. Conséquence: de nombreuses demandes et beaucoup de déçus.