Clearstream : moments forts et petites phrases...

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Après un mois de procès, les audiences de l'affaire Clearstream se sont finies ce vendredi 23 octobre. Le tribunal a maintenant plusieurs mois pour délibérer, le jugement étant attendu pour début 2010. Mais d'ores et déjà, revenons sur les moments forts de ce procès.
La première image forte du procès de l'affaire Clearstream, c'est celle d'une famille. Dominique de Villepin entre femme et enfants. L'ancien Premier ministre arrive entouré au tribunal et accuse, optimiste : « Je suis ici par l'acharnement d'un homme, Nicolas Sarkozy, qui est aussi président de la République française. J'en sortirai libre et blanchi au nom du peuple français ».
Réponse presque involontaire du chef de l'Etat qui, de New York, confond prévenu et coupable : « Deux juges indépendants ont estimé que les coupables devaient être traduits devant un tribunal correctionnel ». Les avocats s'enflamment. Entre les deux hommes, c'est du coup pour coup.
Pendant ce temps-là, à la barre, Gergorin, Lahoud et Villepin ne cessent de se contredirent, et le général Rondot joue péniblement les arbitres.
Résultat, aucun aveu, aucune certitude. Les plaidoiries des parties civiles sont autant de variantes, chaque avocat y allant de sa version des faits. Le parquet aussi. Prison ferme requise contre Gergorin et Lahoud. 18 mois avec sursis contre Villepin, coupable selon le procureur Marin de « complicité par abstention ». Un trio qui, pour l'accusation, a orchestré toute cette affaire Clearstream.
Les petites phrases du procès
Bien avant l'ouverture du procès, Nicolas Sarkozy avait donné le ton : il voulait voir le responsable de cette affaire « pendu à un croc de boucher ».
Une expression que Dominique de Villepin s'est fait un plaisir de reprendre en dehors du prétoire, juste après le réquisitoire du procureur : « Nicolas Sarkozy avait promis de me pendre à un croc de boucher, je vois que la promesse a été tenue ».
Toujours hors audience, Pierre Charon, conseiller de Nicolas Sarkozy et partie civile : « Ce n'est pas de l'élection d'un Chippendale dont il s'agit. On peut être beau, grand et arrogant et perdre ».
Pendant l'audience, avocats, procureur, parties civiles, accusés et témoins, ont été parfois aussi très inspirés...
« J'étais sa chose », déclare Imad Lahoud, le 23 septembre, à propos de Jean-Louis Gergorin.
Me Roland Poynard, avocat d'Alain Gomez, partie civile : « M. Gergorin, vous ne ferez jamais croire que vous êtes le Virenque de l'industrie de l'armement. Vous êtes un véritable danger public. »
« Tout de même, je n'ai pas un QI de pétoncle », se défend le Général Rondot.
« Nicolas Sarkozy... euh... Dominique de Villepin est innocent ». Joli lapsus qui échappe le 21 octobre à l'un des avocats de l'ancien Premier ministre, Me Henri Leclerc.
Face aux listings falsifiés, Yves Bertrand, l'ancien patron des Renseignements Généraux, témoin, s'offusque : « Dans cette affaire, tout est de bric et de broc. On se croirait dans le film Louis La Brocante. »
« On est dans du Gloubi-boulga », estime Me Richard Malka, avocat de la société luxembourgeoise Clearstream le 13 octobre, en référence à l'émission télé L'Ile aux Enfants.
Parfois, les nerfs lâchent... comme ceux de Me Olivier Metzner, avocat de Villepin, excédé par Me Herzog : « Est-ce qu'on va laisser poser trois fois la même question, pourquoi pas quarante fois ? Est-il décent dans une enceinte judiciaire de prendre les gens pour des cons ? »
Me Edgar Vincensini, avocat de Charles Pasqua, partie civile : « M. de Villepin, bienvenue au club des flingueurs flingués ».