Charge mentale: qui se lève la nuit quand l'enfant pleure?

Un nouveau-né le 5 juin 2001 au service maternité de l'hôpital franco-britannique de Levallois-Perret - Didier Pallages/AFP
Huit femmes sur dix se lèvent plus souvent que leur conjoint pour s'occuper de l'enfant du couple la nuit. Et pour près de la moitié d'entre elles, elles sont les seules à le faire. Une étude de l'Ifop, commandée par Sleepyz.fr, publiée ce jeudi montre que la répartition des tâches autour du sommeil de l'enfant est inégale entre les pères et les mères - au sein d'un couple hétérosexuel - et que, sur ce sujet, la charge mentale pèse encore largement sur les femmes.
"Les inégalités sont criantes"
Dans le détail, quand 85% des femmes veillent au respect des horaires de coucher de l'enfant, seuls 54% des hommes y pensent. Les proportions sont similaires lorsqu'il s'agit de s'occuper du coucher de l'enfant, de veiller à sa propreté avant d'aller au lit ou de se lever s'il pleure, fait un cauchemar, réclame quelque chose ou tout simplement pour vérifier que tout va bien durant la nuit.
"Les inégalités sont criantes dans la plupart des domaines", pointe pour BFMTV.com François Kraus, directeur du pôle politique/actualité au département opinion de l'Ifop et co-auteur de cette étude. "Que ce soit au niveau des tâches au sens strict comme le coucher ou le fait de se relever la nuit, que sur leur anticipation, ce qu'on appelle la charge mentale."
Ce qu'il explique par une plus forte sensibilité des mères au bien-être de l'enfant. Les mères se lèvent par exemple deux fois plus rapidement (soit 4,5 minutes) que les pères (8 minutes) lorsque l'enfant pleure. Mais François Kraus pointe aussi des stratégies d'évitement mises en place par les pères.
Les pères font semblant de dormir
L'étude montre ainsi que si près d'un parent sur deux a déjà fait semblant de dormir pour ne pas se lever quand l'enfant pleure et laisser à la conjointe le soin de le faire, c'est plus fréquemment le cas chez les pères. Et contre toute attente, particulièrement chez les hommes se disant féministes.
"Dans un jeune couple sans enfant, il y a des inégalités représentatives mais qui sont limitées", analyse ce représentant de l'Ifop. "À l'arrivée du premier enfant, il y a une réorganisation des tâches et les femmes, en tant que mères, se retrouvent à assumer une grande partie de celles associées à l'enfant."
Autre enseignement: si 63% des parents ont déjà mis en place des roulements pour s'occuper de l'enfant la nuit, seuls 25% des femmes considèrent que ce roulement est équilibré. En conséquence, les parents dorment moins bien. Quatre parents sur dix affirment en effet avoir perdu en qualité de sommeil depuis la naissance de leur premier enfant. Mais là aussi, les femmes (44%) sont plus durement touchées que les hommes (33%).
Un sujet de dispute
Pourtant, ces derniers ont davantage l'opportunité de souffler: quand sept hommes sur dix ont eu l'occasion de dormir sans la présence de leur enfant, cela ne concerne que cinq femmes sur dix.
Sans surprise, la gestion du sommeil de l'enfant est un sujet de dispute pour 66% des parents. Mais François Kraus se veut optimiste. "L'étude montre bien qu'il n'y a pas que des pères inactifs", précise-t-il. "Une partie des pères agit." Par ailleurs, si la gestion des tâches autour du sommeil de l'enfant est source de conflit, cela signifie aussi que ces inégalités sont "contestées", ajoute-t-il.
"Et cela l'est d'autant plus chez les femmes qui se disent féministes. Si la charge mentale qui pèse sur les mères est très nette, cette contestation donne le sentiment que les choses sont amenées à évoluer dans le temps."
L'enquête a été menée auprès d'un échantillon de 1001 personnes, représentatif de la population de parents d'enfants de moins de 3 ans. Les interviews ont été réalisées par questionnaire autoadministré en ligne du 5 au 22 août 2022.