BFMTV
Société

Cette bande d'amies retraitées cherche un logement pour vieillir ensemble et "éviter l'Ehpad"

François, Georgette et Ginette, à notre micro.

François, Georgette et Ginette, à notre micro. - BFMTV

La maison de retraite, très peu pour elles. À Montauban (Tarn-et-Garonne), une dizaine de femmes seniors cherchent un logement partagé afin de vieillir ensemble, dans un bâtiment collectif. Elles racontent leur projet à BFMTV.com.

Retraitées "dynamiques et bien vivantes" recherchent immeuble à partager. Ginette, Françoise, Babette, Madeleine, Marie-Luce, Huguette... Cela fait maintenant six ans que ces 11 femmes âgées de 62 à 84 ans sont en quête d'un logement collectif dans le centre-ville de Montauban (Tarn-et-Garonne) afin de finir leurs vieux jours ensemble.

Au sein du groupe d'amies, certaines sont veuves, d'autres divorcées ou juste célibataires. "Au départ on était un petit groupe de 5 ou 6 amies de longue date dont une majorité de femmes seules qui avions peur de vieillir isolées", se souvient Ginette Pondarasse, 75 ans et fondatrice de l'association la Maison d'Isis, interrogée par BFMTV.com.

"Si on ne prend pas la décision maintenant de nous-même, nos enfants pourraient être contraints de nous mettre en maison de retraite un jour dans l'urgence, ne pouvant pas faire autrement", estime-t-elle.

L'idée du projet est que chacune des résidentes puisse être locataire d'un petit appartement individuel dans le même immeuble, tout en partageant des parties communes. "On a réussi à composer un groupe uni et on n'a pas envie de se perdre", explique Françoise, vice-présidente de l'association de bientôt 72 ans, à BFMTV.com.

"L'idéal, ce serait d'avoir chacune un T2 ou un T3 pour continuer à vivre nos vies, mais qu'on ait aussi des parties communes comme une salle de réunion où on pourrait se retrouver, s'entraider et pratiquer nos activités", résume Ginette Pondarasse. Et pourquoi pas "partager (leur) expérience" en les ouvrant à d'autres voisins, résument les futures colocataires.

Georgette, trésorière et ancienne comptable de 72 ans, a déjà de nombreuses idées: "Ça pourrait être de la lecture, de la gymnastique, de la lecture à haute voix, du tricot, de la couture, de la peinture, le travail du cuir, de la reliure, de l'encadrement." Ancienne cadre au sein d'une insitution sociale, Françoise liste aussi "du yoga, des ateliers de cuisine" ou encore de "l'aide aux devoirs".

Les membres de la Maison d'Isis réunis en octobre 2021.
Les membres de la Maison d'Isis réunis en octobre 2021. © La Maison d'Isis

En Ehpad, "on a tendance à dégringoler la pente plus vite"

Ginette, Georgette et Françoise ne s'en cachent pas: les récents scandales sur les conditions de vie en maison de retraite ont fini de les convaincre du bien-fondé de leur projet. "En Ehpad, il y a des horaires, des contraintes qui font qu'on est plus libres et autonomes. On a tendance à dégringoler la pente plus vite..."

Or le groupe d'amies estime qu'ensemble, elles pourraient rester en santé le plus longtemps possible et éviter l'"infantilisation" de l'Ehpad. "C'est prouvé scientifiquement qu'en voyant du monde, en bougeant, on continue d'être stimulé physiquement et mentalement. C'est très important, rien que pour ne pas déprimer".

"On ne va pas toutes évoluer de la même façon", souligne Françoise. "Certaines ont déjà besoin qu'on les accompagne un peu au quotidien, d'autres pas du tout. L'idée, c'est qu'en fonction de nos capacités physiques, on puisse s'aider plus les unes les autres et rester le plus longtemps possible chez nous. Ça, ce n'est possible que si on est proches géographiquement."

Un premier projet avorté en 2021

En 2016, un projet d'habitat collectif avait déjà été monté avec un bailleur social de Montauban. "À l'époque on était plus nombreux, on a même été 18 personnes à un moment, il y avait même un couple", relate Ginette Pondarasse. Mais en 2021, c'est la déconvenue. Le bailleur social leur annonce que le projet tombe à l'eau en raison de "problème internes et de problèmes de financement".

Le groupe "a perdu du monde en cours de route à cause des échecs successifs", déplore la septuagénaire. "Donc maintenant on est 10-11 femmes seules". "On a essayé de trouver un autre bailleur", poursuit Ginette Pondarasse, mais le problème est "financier":

"Dans le groupe, on a des revenus très différents: des moyens et des plus petits. Il nous faut du locatif et c'est très difficile si on n'a pas de logements sociaux."

Avis aux propriétaires ou aux bailleurs: le groupe recherche des logements dans le centre-ville de Montauban afin de "garder l'accès aux services et commerces de proximité", au cas où un jour où elles ne pouvaient plus conduire, mais également pour "être au cœur de la vie sociale, et pouvoir prendre part aux activités culturelles".

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV