Cancer du sein: un robot qui pourrait changer la vie des femmes

Anne, 34 ans, redoutait l'épreuve du miroir après l'ablation préventive de son sein droit. Un mois et demi après son opération par un robot, elle n'a aucune cicatrice sur sa poitrine, juste une petite sous l'aisselle. Anne s'est sentie soulagée lorsqu'elle a vu le résultat.
"Psychologiquement, c'est important. On peut se regarder dans le miroir sans que ça nous rappelle ce qui vient de nous arriver, la maladie. Il n'y a pas cet aspect physique meurtri, la mutilation physique. Là on peut vraiment se regarder, il n'y a rien à voir".
Ce soulagement, Anne l'a ressenti d'autant plus que six mois plus tôt, elle avait subi l'ablation du premier sein avec une technique chirurgicale classique. Pour elle, la différence est énorme. Le résultat de la première opération, une cicatrice mesurant entre 15 et 20 centimètres tout le long du sein, accompagnée de douleurs postopératoires qui ont duré plus de deux semaines. Avec l'intervention au robot, le désagrément se limite à "une cicatrice de cinq centimètres sous l'aisselle et des douleurs qui ont disparu au bout de deux ou trois jours".

Une opération inédite à l'aide d'un robot
Un monde sépare chacune de ces ablations. Car Anne est la deuxième patiente opérée au moyen de la nouvelle technique chirurgicale "robot-assistée". C'est une intervention réalisée conjointement par des chirurgiens et le robot Da Vinci Xi, de son nom. C'est à l'Institut Gustave-Roussy à Villejuif, qu'elle est pratiquée dans le cadre d'une étude clinique.
L'opération se fait de la façon suivante. Les trois petits tubes métalliques de Da Vinci Xi sont insérés sous la peau qui est décollée. Les instruments sont commandés à distance par les médecins pour retirer la glande mammaire et la remplacer par une prothèse. Ce type d'intervention présente l'intérêt d'une précision inégalable, selon le docteur Benjamin Sarfati, l'un des chirurgiens à l'origine de cette première.
"L’intérêt du robot c'est qu'on peut travailler dans des angles qui sont impossibles à effectuer à main humaine. Cette chirurgie est impossible à faire sans le robot. Ce qu'on espère en mettant la cicatrice sous le bras, c'est qu'elle sera décalée par rapport à la prothèse et qu'on diminuera le risque d'infection et d'exposition de la prothèse".
Cette opération à l'aide du robot présente donc d'autres intérêts que le côté purement esthétique et psychologique pour la patiente. Il pourrait également permettre de diminuer le risque de complications post opératoires. Dans le cadre de leur étude clinique nommée MARCI, les médecins prévoient d’opérer 35 patientes à l'aide de Da Vinci Xi. Mais leur technique pourrait en intéresser bien davantage. Chaque année, environ 20.000 Françaises subissent une ablation du sein.
