"Ça a sauvé ma fille": Lily, 10 ans, a dénoncé l'inceste de son grand-père grâce à une boîte aux lettres

Il y a deux ans, Émilie reçoit un appel des gendarmes. Sa fille, Lily, 10 ans, a glissé un mot dans la boîte aux lettres de l'association "Les Papillons", installée dans son école. Sur cette note, la petite fille, à l'époque en classe de CM2, dénonce l'inceste de son grand-père dont elle est victime. "Il met sa partie du bas dans ma partie du bas. J'essaye de m'enlever mais je n'y arrive pas", y écrit-elle dans ses mots d'enfant.
Son grand-père va comparaître les 20 et 23 septembre prochains devant la cour criminelle de l'Ain pour viol et agressions sexuelles sur Lily et deux de ses cousines. "C'est son grand-père qui l'a violée pendant plusieurs années. Le monde s'écroule, c'est l'horreur", témoigne pour BFMTV Émilie.

"Libérer la parole"
Ce dispositif existe depuis cinq ans en France. "Les Papillons" tentent de libérer la parole des enfants victimes de violences, souvent trop jeunes pour appeler le 119, numéro national pour les enfants ou adolescents en danger.
"Malheureusement, il y a urgence pour donner aux enfants une autre voix pour libérer leur parole", explique Laurent Boyet, président et fondateur de l'association "Les Papillons".
"Le traitement des mots, c'est la promesse qu'on fait, est fait dès qu'on les reçoit", ajoute Laurent Boyet.
Et d'ajouter: "L'âge moyen des enfants qui nous écrivent est 7-8 ans, donc ils n'ont pas de téléphone, qui ne peuvent pas appeler le 119".
Pour Émilie, ces boîtes aux lettres devraient être généralisées. "Toutes les écoles, tous les lieux de sport devraient être équipés de ces boîtes aux lettres. Ça a sauvé ma fille, il ne faut pas l'oublier. Si il n'y avait pas eu cette boîte aux lettres, je ne sais pas où on en serait", déclare la maman de Lily.
"Elle a été très courageuse"
"C'est cette boîte aux lettres qui a tout changé pour elle", ajoute Émilie au micro de BFMTV ce jeudi 2 mai. "Au début, elle s'en voulait énormément. Elle a été très courageuse (...) J'espère que d'autres enfants auront le courage qu'elle a eu."
"On se dit qu'en tant que parent on n'a pas vu, on a laissé notre fille dans les mains de cet homme-là. C'est le plus dur", confie Émilie.
Aux enfants victimes d'inceste, Émilie lance un appel pour les exhorter à dénoncer ce qu'ils subissent: "Il faut le faire. Quand on est jeune, même si on a des passages durs, on aura tous la force de se reconstruire (...) Il faut en parler à ses parents, à un adulte".
Chaque année depuis le déploiement du dispositif, l'association gère 30.000 mots. Les 20 et 23 septembre, Lily sera présente devant la cour criminelle pour témoigner.