Bâtiment : moins de normes handicap pour faire des économies ?

Le coût de construction d'un logement avec des normes handicapées serait supérieur de 10 à 15% à un logement classique. - -
Plus de normes, c’est aussi, souvent, plus de frais. Si François Hollande a promis un moratoire de 5 ans sur les normes dans le bâtiment afin de faciliter la construction, d’autres proposent directement d’en supprimer. C’est le cas de Benoist Apparu. Invité lundi sur RMC et BFMTV, le député UMP et ancien ministre du Logement a rappelé que « la norme handicap doit nous coûter autour de 10 à 15% en coûts de construction supplémentaires ». Selon lui, « cela a été une erreur de notre part d'accumuler, loi après loi, norme après norme » et il propose de revenir sur certaines d’entre elles. Ainsi, si on achète un logement dans le but de le vendre ou de le louer, il faut que les toilettes, le couloir ou les portes soient plus larges afin qu’un fauteuil roulant puisse tourner. En revanche, les particuliers qui se font construire une maison pour y habiter ne sont pas concernés.
« C’est insupportable d’entendre ça »
La Fédération du Bâtiment, elle, a démenti le surcoût évalué par l'ancien ministre et l'estime plutôt à 4 à 5%. Quoi qu’il en soit, ce surcoût serait surtout temporaire, selon l'Association des Paralysés de France, pour laquelle il est lié notamment au temps nécessaire pour que les professionnels du bâtiment soient opérationnels. « C’est insupportable d’entendre ça. On ne peut pas mettre de côté les personnes en situation de handicap sinon elles seront encore une fois considérées comme des parias en France et comme des sous-citoyens », regrette Nicolas Mérille, Conseiller national accessibilité à l'Association des paralysés de France (APF). Selon lui, investir dans les normes handicap, c’est aussi investir dans l’avenir. « Il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas que les personnes en fauteuil roulant qui sont concernées par l’accessibilité, mais aussi tout le secteur des personnes âgées. Il y aura 16 millions de personnes de plus de 65 ans en 2030. Donc si on fait des raisonnements à long terme, les logements tout de suite accessibles, on n’aura pas à les faire dans 20, 30 ou 40 ans ».
« On a trop généralisé »
Mais pour Bruno Dumas, vice-président de la Fédération française du bâtiment, l'obligation de rendre accessibles tous les logements va trop loin. « On a trop généralisé. Quand on fait une cité universitaire avec 400 logements étudiants, les 400 sont accessibles handicapés. Mais on sait très bien que jamais tous les étudiants de France ne seront handicapés. Ça fait une augmentation générale du logement de 15% en surface, donc 15% de loyer en plus. Quand on connaît les difficultés qu’ont les étudiants pour payer leur loyer, ce n’est peut-être pas une très bonne solution. Or, la norme prévoit que tous les logements doivent être accessibles ».