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Bac: profs et syndicats ulcérés par les propos de Macron sur la "prise d'otage"

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Les propos du président de la République, qui a comparé la rétention des notes et des copies du baccalauréat par les enseignants grévistes à une "prise d'otage", ont du mal à passer.

Deux jours après les résultats du baccalauréat, Emmanuel Macron a fait une déclaration qui a particulièrement énervé les professeurs et les syndicats d'enseignants. S'exprimant sur Franceinfo dimanche à propos des correcteurs grévistes ayant décidé de ne pas rendre les notes ou les copies des épreuves du bac pour protester contre la réforme du lycée de Jean-Michel Blanquer, Emmanuel Macron a dénoncé ce qui s'apparente selon lui à une "prise d'otage":

"Je respecte chacune et chacun, la liberté d'opinion et la liberté syndicale, mais à la fin des fins, on ne peut pas prendre nos enfants et leurs familles en otage", a déclaré dimanche le président de la République. Il peut y avoir des désaccords, il y a évidemment le droit de grève, de manifestation et j'y tiens beaucoup. Mais en aucun cas, ces désaccords ne peuvent s'exprimer en prenant en otage nos jeunes et dans un moment d'angoisse important pour leurs familles."

Des "termes justes", selon Jean-Michel Blanquer, qui a réagi ce lundi aux propos d'Emmanuel Macron sur le mouvement des professeurs grévistes.

"Dans cette affaire, on voit bien qu'une petite minorité a cherché à imposer sa loi à la majorité."

"Je déplore vraiment ce terme"

L'avis du ministre de l'Éducation n'est bien évidemment pas partagé par les représentants de syndicats de professeurs et les enseignants de lycée, qui ont été nombreux a juger que le président de la République avait utilisé des termes disproportionnés par rapport à la situation.

Invitée sur notre antenne dimanche, Nageate Belahcen, présidente de la FCPE Val-de-Marne, a notamment dénoncé un "mot beaucoup trop fort":

"Je déplore vraiment ce terme de 'prise d'otage'. On l'a beaucoup entendu cette semaine et je suis assez déçue de l'entendre de la bouche d'un chef d'État, quand on sait toute la portée que ça peut avoir, d'être pris en otage. On ne parle pas ici de terrorisme, donc il faut mesurer ses mots", a-t-elle estimé.

Un avis partagé par Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-Fsu, le Syndicat National des Enseignements de Second degré, qui a réagi sur Franceinfo:

"Je trouve les propos du président de la République déplacés et ne prenant pas en compte la réalité de la situation. (...) Il ne s’agissait pas de pénaliser les élèves, mais de dire aux parents d’élèves combien nous sommes inquiets pour le devenir du baccalauréat", a assuré la syndicaliste.

"On attend vos excuses"

Les professeurs grévistes ont également répondu à la déclaration d'Emmanuel Macron. Sur Twitter, le message très largement relayé d'un enseignant de lycée rescapé du Bataclan n'est pas passé inaperçu.

"Je suis un des rescapés de l'attentat du Bataclan et j'ai été parmi les profs grévistes qui ont retenu notes et copies. Votre emploi de l'élément de langage "prise d'otages" pour cette grève me scandalise et me blesse. On attend vos excuses. (...) Non seulement vous associez les fonctionnaires de l'Éducation nationale à des terroristes mais en plus vous insultez les victimes."

Emmanuel Macron n'a pour l'instant rien ajouté après les réactions provoquées par son utilisation de ce terme. 

Concernant les résultats définitifs du baccalauréat, Jean-Michel Blanquer a par ailleurs déclaré que des jurys se tenaient encore ce lundi, jour de début des rattrapages, jusqu'à 18h30. Il a ajouté que "de nombreuses copies" étaient revenues: "On ne parle plus en milliers de copies, mais en centaines de copies non rendues", a affirmé le ministre de l'Éducation.

Juliette Mitoyen