Au Medef, on change les statuts pour Parisot

Le comité de "sages" chargé de veiller au respect des statuts du Medef a recommandé lundi un changement de statuts qui permettra, s'il est adopté, à Laurence Parisot, présidente de l'organisation patronale, de solliciter un nouveau mandat. /Photo d'archiv - -
En général, ce sont des méthodes employés dans les dictatures ou les républiques bananières. Le comité de « sages » chargé de veiller au respect des statuts du Medef a recommandé lundi un changement de statuts qui permettra, s'il est adopté, à la présidente de l'organisation patronale de solliciter un nouveau mandat. Ce Comité statutaire de sept membres avait été saisi par Laurence Parisot, qui souhaite se maintenir à la tête de l'organisation patronale française au-delà du terme prévu pour son second mandat, début juillet, au grand dam de ses rivaux. Actuellement, les statuts du Medef prévoient que le président de l'organisation est élu pour cinq ans et que son mandat ne peut être renouvelé qu'une fois pour trois ans. Le mandat de Laurence Parisot s'arrête donc en principe en juillet.
« On choisit le meilleur »
Le Comité statutaire recommande à l'unanimité que le mandat du président du Medef soit désormais systématiquement de cinq ans et que le président sortant puisse se représenter à toute élection, sans limitation du nombre de mandats. Avec un tel système, ne risque-t-on pas d’avoir un président du Medef à vie ? Non, répond le président du comité, Georges Drouin : « S'il est bon, il est réélu, s'il n'est pas bon, il est viré, c'est tout. On choisit le meilleur », a-t-il résumé lundi devant la presse, après avoir présenté l'avis de cette instance au Conseil exécutif du Medef.
Ce Conseil exécutif, qui fixe la politique générale de l'organisation, compte 45 membres élus par l'Assemblée générale du mouvement, dont au moins trois quarts d'entrepreneurs en activité, et se réunit une fois par mois. Il se prononcera le 28 mars sur les propositions du Comité statutaire, a précisé Georges Drouin.
Pour que les nouveaux statuts entrent en vigueur, il faudra encore que l'Assemblée générale du Medef les vote à la majorité des deux tiers lors d'une réunion extraordinaire, qui devrait intervenir fin avril.
Un patronat divisé et plutôt hostile aux manœuvres de sa présidente
Sa démarche a suscité polémiques et vives critiques au sein du Medef et son succès est loin d'être assuré. « Je crois que la majorité sera défavorable », a déclaré lundi l'un des candidats à sa succession, Geoffroy Roux de Bézieux, sur LCI. L'AFP a contacté la semaine dernière 31 des 45 membres de l'instance dirigeante du Medef, pour la plupart directement et une poignée via leur proche entourage. Leur position, souvent confiée sous le sceau de l'anonymat, fait apparaître un patronat divisé et plutôt hostile aux manœuvres de sa présidente, même si nombre de ses représentants saluent le travail de Laurence Parisot. Sur ces 31 responsables, 14 se disent clairement contre une réforme des statuts qui permette à Laurence Parisot de se maintenir et seulement cinq affirment ouvertement soutenir sa démarche. Les 12 autres ne se prononcent pas ou se disent indécis.