Assurance auto : les femmes ne peuvent plus bénéficier de tarifs avantageux

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Désolé mesdames, mais vous devez payer maintenant les mêmes primes d’assurance que les hommes, et pour la bonne cause, en plus : la lutte contre les discriminations. Le 2 mars 2011, la Cour de justice de l’Union européenne a interdit de différencier les tarifs selon le sexe car cela était contraire au principe d’égalité hommes-femmes, et la décision entre en application ce vendredi.
Tous les nouveaux contrats sont concernés, tandis que le stock des contrats existants échappe aux nouvelles obligations. En effet, les jeunes conducteurs payaient, en moyenne, 20% à 30% de plus que les jeunes conductrices, car ils provoquent plus d'accidents et souvent plus graves.
« Les femmes vont subventionner les hommes »
« Les femmes vont subventionner les hommes et voir leurs primes augmenter tandis que celle des hommes devrait diminuer », prévient le comparateur en ligne Assurland, qui évoque un relèvement compris entre 4% et 50% pour les jeunes conductrices.
De fait, si aucun grand assureur n'informe spontanément de ce changement sur son site internet ou dans sa communication institutionnelle, beaucoup reconnaissent que des ajustements tarifaires vont être pratiqués, au moins dans un premier temps. L'assureur mutualiste Matmut joue la transparence et annonce une majoration de 70% par rapport à la cotisation de référence pour les conducteurs novices, quand il appliquait, jusqu'ici, une surprime de 100% pour les jeunes conducteurs contre 50% seulement pour les jeunes filles. Il assure consentir un « effort financier » et indique qu'il répartira une partie du surcoût sur l'ensemble de ses assurés, quel que soit leur âge.
De nouvelles parades pour contourner la loi
Directrice commerciale du courtier AMV, Agnès Rouvière rappelle que seuls les nouveaux contrats doivent exclure la distinction basée sur le sexe. Cela va permettre de fidéliser davantage les jeunes conductrices déjà assurées, qui risquent de ne plus retrouver des conditions aussi favorables si elles changent d'assureur. Pour les conductrices qui souscriront leur premier contrat à compter de ce vendredi, les assureurs ont déjà quelques parades en tête pour contourner la justice européenne. « L'un des objectifs, c'est de pouvoir déterminer des types de véhicules qui sont plus prisés des femmes », explique Mme Rouvière, citant, à titre d'exemple, le « Vespa rose » ou les scooters à grandes roues. En recoupant ces catégories avec d'autres critères comme la fréquence des sinistres des parents de l'assuré, si ceux-ci sont également clients, ou la situation de famille (« les couples mariés avec enfants sont plutôt plus prudents »), « on va essayer de retrouver des populations homogènes, avec des profils de risque similaires », ajoute-t-elle.
Une victoire de la catégorisation
Derrière le renforcement apparent de la mutualisation voulu par la Cour de Luxembourg (plus de distinction entre hommes et femmes), c'est donc en réalité la segmentation qui va plus que jamais triompher. Une tendance qui ne plaît guère à Reine-Claude Mader, présidente de l'association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV). « Si on a la chance d'être dans le bon segment, c'est formidable, résume-t-elle, mais on se rend bien compte que les autres vont bénéficier d'un régime beaucoup moins favorable ».