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Société

Assaut de Saint Denis: pour les habitants du centre, "c'était la guerre"

L'assaut à Saint-Denis où plusieurs terroristes s'étaient retranchés dans un appartement du centre ville

L'assaut à Saint-Denis où plusieurs terroristes s'étaient retranchés dans un appartement du centre ville - Kenzo Tribouillard - AFP

Sept heures d'assaut à Saint Denis. Sept heures où les habitants du centre de cette banlieue parisienne, retranchés chez eux, ont vécu une nuit de "guerre" pendant l'opération du Raid.

"C'était la guerre ici". Détonations, tirs en rafales, militaires déployés et survol d'hélicoptère ont réveillé mercredi avant l'aube les habitants du centre de Saint-Denis, où un assaut a été donné dans un appartement, semant la panique pendant plusieurs heures.

L'opération, qui visait notamment l'organisateur présumé des attentats de vendredi, a démarré peu après 04h00.

La longue attente des riverains impuissants

"On dormait, on a entendu des coups de feu. J'ai vu les policiers dans la rue qui criaient 'les mains en l'air'. Ils ont évacué l'immeuble au numéro 8" de la rue du Corbillon, raconte Rim Grami, 35 ans, qui habite en face.

L'appartement visé est situé dans un petit bâtiment de trois étages "qui compte 38 logements", dont beaucoup sont insalubres, a précisé Stéphane Peu, maire adjoint en charge du logement.

"Ils ont amené des chiens, des petits hélicoptères avec des caméras pour voir à l'intérieur (...). Ils ont cassé toutes les fenêtres, jeté les matelas par terre", poursuit Rim. Depuis, son fils de 10 ans "n'arrête pas de pleurer: dès que je regarde par la fenêtre il me dit 'on va te tirer dessus'".

La peur de se trouver avec "des forcenés dans les rues"

Samira, 39 ans, sociologue, a également été réveillée "par des explosions très fortes et de longs moments de tirs". "Avec mon compagnon on s'est dit 'ça y est, ça repart', ça a tellement fait écho à ce qui s'est passé vendredi". "On a eu très peur quand ils ont illuminé les toits avec l'hélicoptère. On a pensé que des gens s'étaient échappés. Je me suis dit: 'On va se retrouver avec des forcenés dans les rues'". 

Entre 15.000 et 20.000 personnes confinées

Elle a suivi les consignes de sécurité de la préfecture de police, qui a recommandé aux habitants de ne pas sortir. Selon Stéphane Peu, entre 15.000 et 20.000 personnes sont restées confinées durant l'intervention, qui s'est achevée en fin de matinée.

Le centre de cette ville de Seine-Saint-Denis, juste au nord de Paris, a été entièrement bouclé par les forces de l'ordre, les écoles et collèges fermées pour la journée et le trafic des métros, bus et tramways desservant la ville interrompu.

Peu avant 07h30, des détonations étaient encore entendues. Une cinquantaine de militaires étaient déployés à l'entrée du périmètre de sécurité, le long des vitrines des magasins, fusils d'assaut à la main.

A.-F. L. avec AFP