Application contre les tags racistes: "un acte citoyen" selon la Licra

Un site donne toutes les informations utiles pour télécharger et utiliser l'application. - -
Prendre une photo d'une inscription raciste avec son téléphone, la géolocaliser grâce à la puce GPS de son smartphone et aussitôt l'envoyer aux services juridiques de la Licra qui prendront contact avec les autorités locales concernées, telle est la mission de la nouvelle application Licra.
Rendre compte d'une inscription à caractère insultant ou discriminatoire est depuis ce mardi matin un jeu d'enfant. L'application est pour l'instant disponible pour les systèmes Android (Google play) et iOS (Apple Store) tandis qu'une version pour Windows Phone devrait arriver dans les prochaines semaines, nous est-il précisé.
L'initiative a été saluée par la ministre Fleur Pellerin qui y voit une application d'"intérêt public". Mais quelles sont les limites du dispositif? BFMTV.com a fait le point avec le vice-président de la Licra, Pierre Fournel.
N'avez-vous pas peur que certains détournent de son bon usage l'application, soit par jeu, soit par volonté de nuire?
C'est une question que nous nous sommes posée au préalable et je crois qu'on aurait tort de reculer pour quelques excités, quelques énergumènes, qu'ils soient isolés ou organisés. Il est vrai qu'ils peuvent avoir un effet néfaste sur ces outils, mais la Licra a déjà l'expérience de ce genre de problèmes et est prête à faire face. Sur notre site Internet, nous avons un onglet de signalement des actes racistes.
La majorité des gens qui signalent ce genre de contenus sont des gens de très bonne foi. Ils font un acte citoyen. Le moyen est nouveau, mais le fonctionnement est ancien. La Licra et son service juridique accompagnent depuis des dizaines d'années les victimes et les conseillent gratuitement. Elle s'adapte aux outils d'aujourd'hui.
Que répondez-vous à ceux qui objectent leur liberté d'expression et taxeront votre démarche d'appel à la délation?
On n'entrave la liberté de personne. Quand vous êtes agressé dans la rue à cause de votre couleur de peau ou de votre religion, qu'il y ait un outil qui permette de porter une aide à ces personnes-là, je ne pense pas qu'on soit dans la délation, mais plutôt dans un acte citoyen pour dénoncer des contenus qui heurtent la majorité de la population française.
On connaît aussi l'attachement des utilisateurs de smartphones et d'Internet à l'anonymat. Nous offrons donc aussi cette possibilité de pouvoir témoigner anonymement. Si on indique son nom ont pourra bénéficier d'un suivi de l'effacement du tag ou du signalement réalisé. Mais encore une fois, il n'y a aucune obligation.
Concrètement, quelle suite sera donnée à un signalement fait à travers cette application?
La Licra agira immédiatement. Les mairies agiront ensuite le plus rapidement possible pour que le tag soit effacé. C'est tout l'objet de notre partenariat avec l'Association des maires de France. Une fois le tag effacé, la personne qui a effectué le signalement, si elle n'a pas choisi l'anonymat, sera prévenue par un message en retour.
De quels moyens disposez-vous pour faire connaître ce nouvel outil?
Nous procéderons d'abord par un affichage dans nos rues, car c'est bien là que cet outil sera utilisé. Des personnalités, se sont aussi associées au projet (NDLR: l'humoriste Sophia Aram, l'ex-ministre maintenant chroniqueuse TV Roselyne Bachelot, le comédien François Morel ou le chanteur Didier Wampas). Leur notoriété aide le travail plus anonyme des autres. On reste une association à petit budget, mais grâce à l'engagement de personnalités, grâce à l'engagement de municipalités à nous fournir de l'espace, on compte sur le fait que cet outil soit vu, mais surtout téléchargé.
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