Anne Hidalgo apporte son soutien à Moussa, militant homosexuel menacé d’expulsion

Anne Hidalgo, maire de Paris - LOIC VENANCE / AFP
La mobilisation pour Moussa n’a cessé de prendre de l’ampleur ces dernières semaines. Ce jeudi, Anne Hidalgo a affiché son soutien à ce jeune militant d’AIDES de 28 ans, menacé d’expulsion vers son pays d’origine: la Guinée.
"La France se doit d’accorder la protection à tous ceux dont la vie est menacée dans leur pays d’origine en raison de leurs opinions ou de leur orientation sexuelle. En tant que Maire de Paris, capitale de l’égalité des droits, je soutiens Moussa", a écrit la maire de Paris sur Twitter ce jeudi après-midi.
"Son compagnon a déjà été assassiné en raison de son homosexualité. Son expulsion serait un scandale", a également réagi le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.
Deux tentatives d'expulsion
"Toute aide, tout appui, tout soutien sont évidemment les bienvenus", assure Antoine Henry, responsable communication au sein de l'association AIDES, avant d'ajouter que cette histoire "a soulevé une vague d’indignation considérable sur les réseaux sociaux".
Arrivé en France en 2015, Moussa, artiste acrobate, est aujourd’hui demandeur d’asile. Après avoir passé plus d'un mois dans un centre de rétention, ce jeune militant de l’association AIDES a été emmené à l’aéroport de Marseille vers 3 heures du matin dimanche pour être reconduit en Guinée. "Le commandant de bord a refusé de l’embarquer en prétextant qu’il n’y avait plus de place dans l’avion. Ce qui était peut-être vrai. Mais en tout cas, il lui a sauvé la vie", témoigne Antoine Henry, rappelant que l’homosexualité est punie de "trois à sept ans de prison" en Guinée.
Placé depuis dans le centre de rétention administratif du Gard, à Nîmes, Moussa a reçu le soutien de nombreux militants venus se rassembler devant l’établissement la nuit dernière. Ce jeudi matin, le jeune homme a été conduit à l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry pour une nouvelle tentative d'expulsion, mais face à sa résistance, il a finalement été placé en garde à vue. Laquelle se poursuit actuellement.
Renoncement des autorités?
Les autorités auraient finalement renoncé à l’expulsion de Moussa, selon AIDES. Mais la prudence reste de mise: "Depuis le début, on a entendu tout et son contraire", indique Antoine Henry. Et ce dernier d’expliquer que "la durée maximum de rétention est de 45 jours, ce qui tombe dimanche. À cette date, il sera libérable. On va donc accélérer le mouvement".
La mobilisation en soutien à Moussa se poursuit donc. De nombreux rassemblements sont prévus partout en France ce jeudi soir, et notamment place de la République à Paris. Au-delà de "la libération de Moussa et un réexamen de sa demande d’asile", l'association, qui rappelle qu'il ne s'agit pas "d'un cas isolé", demande la protection de toutes les personnes menacées dans leur pays d’origine en raison de leur orientation sexuelle.
L'Ofpra "cherche à en savoir plus"
Moussa affirme que son compagnon a été lynché à mort par sa famille en Guinée, qu'il a quittée pour fuir les persécutions contre les homosexuels. Son expulsion le conduirait "vers une mort quasi-certaine", s'inquiète AIDES, qui demande que son dossier soit réexaminé par l'Office de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).
À ce stade, "on n'a pas été saisi d'une demande de réexamen et on cherche à en savoir plus", a-t-on indiqué à l'Ofpra, rappelant qu'une telle demande est possible après un premier rejet de l'Ofpra, confirmé par la Cour d'appel (CNDA), "si un élément nouveau est versé au dossier".
La mobilisation prend un relief particulier alors que les députés En marche ont introduit, dans le projet de loi asile-immigration controversé, un amendement visant à mieux protéger les demandeurs d'asile homosexuels, en excluant de la liste des "pays d'origine sûrs" ceux qui persécutent les homosexuels (la Guinée ne fait toutefois pas partie de cette liste).