Ancien résistant, un Français inhumé dans le camp de travail où il avait été déporté

La camp de concentration de Buchenwald, en 2007, Allemagne. - -
"C'est sa manière de dire: 'je n'oublie pas les copains décédés sur place et je rends hommage à leur mémoire", explique son fils. Les cendres d'un ancien résistant français, décédé à 90 ans à Belfort, seront déposées vendredi à côté de la fosse commune du camp de Langenstein-Zwieberg, en Allemagne.
Louis Bertrand a fait part, quelques années avant son décès survenu en juin 2013, de sa volonté de retrouver ses camarades en étant inhumé à proximité de la fosse commune du camp, a précisé son fils, Jean-Louis Bertrand, contacté par l'AFP. "La volonté de mon père correspond à sa démarche de transmettre le passé et d'être un passeur", analyse le fils du déporté.
Pour accéder à sa demande, sa famille et les autorités allemandes ont travaillé pendant deux ans afin d'obtenir une extension du cimetière de la commune d'Halberstadt, dans le centre de l'Allemagne, où est situé le camp.
Un espace pour les anciens déportés
Un espace près de la fosse commune est désormais officiellement réservé aux anciens déportés qui souhaitent être inhumés sur place. Louis Bertrand sera le premier à avoir cette concession gratuite à perpétuité, a expliqué son fils. Selon Jean-Louis Bertrand, "une famille a déjà disséminé les cendres d'un déporté au camp, de manière clandestine. Désormais des inhumations officielles sont possibles".
Né le 3 janvier 1923 dans une famille de cheminots, Louis Bertrand est devenu responsable du scoutisme clandestin de la région de Belfort durant la Seconde Guerre mondiale. Il est entré dans la clandestinité en avril 1944, avant d'être arrêté par les Allemands en août de la même année.
Une vie passée à témoigner
D'abord déporté à Buchenwald, il a ensuite été transféré dans le camp de travail voisin de Langenstein-Zwieberge. Survivant in extremis à une "marche de la mort" -l'évacuation des camps par les Allemand à l'approche des Alliés-, Louis Bertrand a finalement été libéré par les Américains en avril 1945.
Louis Bertrand avait publié en 2005 un livre de souvenirs intitulé "Nummer 85250", son numéro de déporté. Marie-Antoinette Vacelet, responsable départementale du Concours de la Résistance et de la Déportation n'a pas été surprise du choix de l'ancien résistant de reposer à Langenstein-Zwieberge : "J'ai toujours trouvé qu'un petit morceau de lui était resté en Allemagne".
La cérémonie d'inhumation se déroulera dans la simplicité en présence de la famille et du président du conseil général du Territoire-de Belfort, Yves Ackermann.