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Société

Algérie : la reconnaissance des souffrances de la colonisation critiquée

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Jeudi devant le Parlement algérien, François Hollande a reconnu « les souffrances de la colonisation » sans faire d’excuses. A droite, ce discours est vivement critiqué.

Pas d’excuses, mais une reconnaissance. En visite pendant deux jours en Algérie, François Hollande a mesuré ses mots, jeudi, devant le Parlement algérien. Cinquante ans après l’indépendance du pays, le président français reconnu solennellement à la tribune les « souffrances que la colonisation française » a infligées à ce pays, sans pour autant formuler les excuses de la France.
François Hollande et Abdelaziz Bouteflika ont promis d’écrire « une nouvelle pages des relations franco algériennes », avec une déclaration commune dans laquelle ils s'engagent à mettre en œuvre « un partenariat exemplaire et ambitieux ». « La France et l'Algérie sont déterminées à ouvrir un nouveau chapitre de leurs relations ». Mais dans l’Hexagone, certains se sont dit froissés par ces mots.

« Il y a aussi eu des souffrances pour les pieds-noirs »

Plutôt apprécié par Alger et les partisans du PS, son discours a été décrié par une partie de l’UMP et le FN. Pour la droite, François Hollande n'a pas assez parlé des « souffrances » françaises. « Le président a délivré une version hémiplégique, partisane de la vérité, estime le député UMP de la 11ème circonscription des Français de l'étranger Thierry Mariani. Oui, il y a eu une souffrance pour les algériens, mais il y a eu aussi des souffrances pour les pieds-noirs, les européens, les appelés du contingent. La vérité, c’est de parler des deux. Oui, il y a eu des massacres à Sétif, mais c’est aussi passer sous silence les massacres d’européens. Oui, il y a eu des aspects négatifs à la colonisation, mais ce sont aussi des infrastructures, des équipements dont une partie continue à être bien utile aujourd’hui ».
Pour Marine Le Pen, « le discours de François Hollande à Alger pose les bases d'un avenir extrêmement malsain entre la France et l'Algérie ». Selon la présidente du Front national, « il condamne triplement notre pays, l'abaissant encore un peu plus sur la voie de la repentance d'abord, de l'immigration massive ensuite et des délocalisations enfin ».

« Veulent-ils que l’Algérie s’excuse d’avoir été colonisée ? »

Selon Adam Benhamed, le président du cercle d'amitié franco-algérien en revanche, « le président a vraiment bien parlé ». Ce médecin à la Pitié-Salpêtrière à Paris pense que François Hollande « a utilisé des mots très pesés. Monsieur Hollande n’a pas fait de repentance, n’a pas fait d’excuses. Donc je ne les comprends pas, ceux qui critiquent. J’ai l’impression qu’ils veulent que l’Algérie s’excuse d’avoir été colonisée, spoliée par les colons. Tout ça a été construit pour les colons, et certaines industries ont même été sabotées, dynamitées pour ne rien laisser aux Algériens. Donc de quelle histoire veulent-ils parler ? Ils font honte à l’UMP, il vaut mieux qu’ils aillent prendre leur carte avec Le Pen et tous les autres ».

Mathias Chaillot avec Jamila Zeghoudi