Affaire Lambert : le tribunal administratif se prononcera jeudi

La rapporteuse publique enjoint le tribunal à rejeter la demande des requérants de transférer le patient dans un autre hôpital. - -
Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne se prononcera finalement ce jeudi sur la fin de vie de Vincent Lambert, dont les parents s'opposent à l'euthanasie passive décidée par le corps médical en accord avec sa femme et une partie de sa famille.
La juridiction souhaite "prendre le temps de la réflexion dans ce dossier complexe", a indiqué à l'issue de l'audience Jean-Jacques Louis, président du tribunal réuni mercredi en session plénière, après le dépôt lundi d'une requête en référé-liberté par une partie de la famille de Vincent Lambert.
Ils souhaitent stopper la décision médicale du service de médecine palliative du CHU de Reims, qui a annoncé sa décision d'arrêter prochainement les traitements de nutrition et d'hydratation artificielles de ce patient tétraplégique en état de conscience minimale, alors que sa femme Rachel, ainsi que sept autres membres de cette famille recomposée soutiennent les médecins.
"Impossible de juger du sens de sa vie"
Les parents, une sœur et un demi-frère de Vincent ont saisi la justice lundi par un référé-liberté pour stopper la décision médicale et obtenir le transfert de leur fils dans un autre établissement hospitalier, alors que sa femme Rachel, ainsi que sept autres membres de cette famille recomposée, soutiennent les médecins.
Après un long propos liminaire devant la famille et la femme de Vincent qui à plusieurs reprises n'a pu contenir son émotion, la rapporteuse publique a préconisé le maintien de l'alimentation et l'hydratation artificielles de Vincent Lambert, estimant "que le patient est dans état irréversible mais que sa conscience existe et qu'il est impossible de juger du sens de sa vie".
Elle a par ailleurs enjoint le tribunal à rejeter la demande des requérants de transférer le patient dans un autre hôpital.
"C'est la première fois depuis 1981 qu'un avocat doit plaider pour un condamné à mort", a plaidé Jérôme Triomphe avant d'insister sur le fait que le patient "était handicapé mais non atteint d'un mal incurable" et que la loi Leonetti ne s'appliquait pas à son cas.
"Personne ne souhaite, s'il est bien portant, être dans la situation de Vincent Lambert, mais qui peut savoir maintenant ce qu'il en pense, lui ?", a-t-il poursuivi.
'Refus de vivre'
Selon le corps médical, Vincent Lambert, âgé de 38 ans, hospitalisé depuis 5 ans après un accident de la circulation, est totalement aphasique et dans un état pauci-relationnel (état de conscience minimale) qui permet une certaine interaction avec l'environnement par la vue notamment, sans pour autant "être sûr qu'il intègre correctement les informations sensorielles".
En avril 2013, alors que le malade multipliait des comportements d'opposition aux soins depuis plusieurs mois, "faisant suspecter un refus de vivre", les équipes soignantes avaient déjà engagé un premier protocole de fin de vie en accord avec sa femme présente quotidiennement depuis l'accident et une partie de la famille, mais sans consulter explicitement les parents vivant dans le sud de la France.
Le 11 mai, la mère de Vincent avait saisi le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne et obtenu du juge que les médecins reprennent l'accompagnement thérapeutique en rétablissant l'alimentation et l'hydratation du patient.