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Abattoirs et boucheries dans le collimateur des militants anti-viande

Une membre du groupe antispéciste devant une boucherie parisienne, le 22 septembre.

Une membre du groupe antispéciste devant une boucherie parisienne, le 22 septembre. - JACQUES DEMARTHON / AFP

Le ton monte du côté des militants anti-viande ces dernières semaines, alors que les actions coups de poing pour dénoncer l'exploitation et la maltraitance animale se multiplient en France. Plusieurs rassemblements étaient prévus ce mercredi devant des abattoirs.

A Metz, Saint-Etienne ou encore près de Bordeaux, plusieurs dizaines de militants antispécistes se sont réunis ce mercredi soir devant les principaux abattoirs du pays pour protester contre l'exploitation et la maltraitance animale.

Ces militants pour la cause animale revendiquent des actions pacifiques. Mais que ce soit devant des abattoirs ou devant des commerces de viande, certains d'entre eux n'hésitent pas à mettre en avant des photos sanglantes prises dans des abattoirs. Pour espérer sensibiliser l'opinion, d'autres misent parfois sur des mises en scènes macabres comme de faux banquets ou l'exposition d'animaux morts.

L'association Vegan Impact organise par exemple régulièrement des actions devant des boucheries et autres charcuteries. 

"Ce ne sont pas des images chocs" explique Lily, militante végan et antispéciste, "c'est juste le reflet de la réalité qui, elle, est insoutenable. C'est ce qui se passe tous les jours: 3 millions d'animaux meurent chaque jour en France". En tant que militante antispéciste, la jeune femme place l'homme et l'animal sur un strict pied d'égalité et elle en a fait un mode de vie. 

"Démembrer un corps, ça n'est pas un métier (...) De quel droit se permet-on de faire naître dans le but de faire mourir ?", s'interrogeait encore Alizée Denis, membre du mouvement Boucherie abolition interrogée par l'AFP, dos tourné à la vitrine d'un boucher, tenant le corps d'un cochonnet dans ses bras.

Une radicalisation du mouvement vegan ?

En face, les bouchers et charcutiers défendent leur filière et s'inquiètent de la récente recrudescence d'attaques et de happenings contre leurs commerces. Ces derniers mois, plusieurs dizaines de boucheries ont été vandalisées par des militants de la cause animale, particulièrement dans le nord de la France. Et entre les deux camps, les points de vue sont irréconciliables et les débats s'enflamment.

C'est "une insulte" contre sa profession estime Romain Leboeuf, vice-président du syndicat des bouchers-charcutiers traiteurs et invité de BFMTV ce mercredi soir. Face à lui, la porte-parole de "boucherie abolition Sylveig Halloin, est ferme. Pour elle, "il faut absolument sortir de ce génocide systémique qu'est l'élevage".

Après un vif échange, Romain Leboeuf défend son mode de production, en opposition aux grands industriels: "Quand on écoute madame, tout est une horreur. Mais moi je suis désolé, je connais tous mes éleveurs, c'est moi qui achète, qui choisir l'abattoir et le mode d'abattage."

Depuis le début de l'année, 12 commerces ont été caillassés avec des tags de revendication antispécistes et "plusieurs dizaines d'autres" ont été détériorées, avec du "faux sang versé" ou de la "pose d'autocollants revendicatifs" ont été recensés par la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs (CFBCT). Les bouchers-charcutiers sont même allés jusqu'à demander une protection policière au ministère de l'Intérieur.

"Chacun est libre de faire ce qu'il veut, de manger ce qu'il veut" considère quant à lui Cédric Neveu, boucher ayant récemment été victime de l'une de ces attaques."On essaie de faire au maximum de la qualité, on est pas des chaînes industrielles".

Les associations de défense de la cause animale ne cautionnent pas toutes ces attaques et ces appels à la violence, comme l'a rappelé Brigitte Gothière sur BFMTV. La co-fondatrice de l'association L214, regrette cependant qu"aucune réglementation ne soit passée pour essayer de rendre moins pire les conditions d'abattage des animaux." S’il est difficile d’estimer le nombre de végétariens et de vegans en France, la consommation globale de viande baisse peu à peu.
Jeanne Bulant