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À Angers, des habitants mobilisés contre une "Quéquetterie" installée près d'une école catholique

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À Angers, certains habitants sont scandalisés par l'ouverture d'une "Quéquetterie", une boutique insolite qui vend des pâtisseries en forme d'organes sexuels. Une pétition a été lancée car le commerce a ouvert à proximité d'une église et d'une école privée catholique.

"Ouvrez grand la bouche." Au premier abord, "la Quéquetterie" d'Angers (Maine-et-Loire) n'a rien de sulfureux. Dans sa vitrine, un mur de fleurs et de ballons roses, ainsi qu'une bicyclette fleurie. Rien à voir avec les produits vendus par l'enseigne: cette franchise commercialise des gaufres et des crêpes en forme de pénis et de vulves.

Depuis le 1er décembre, il n'est donc pas rare de voir des Angevins sortir de cette boutique du centre-ville avec leurs en-cas suggestifs à la main. À Paris, Montpellier, Toulouse, Dijon, Nantes ou encore Bordeaux, les autres succursales n'ont pas causé de scandale. Seulement voilà, la pâtisserie d'Angers a été ouverte à quelques mètres d'uné église et d'un établissement scolaire privé catholique, l'école primaire et le lycée du Sacré-Cœur.

"Les clients sortent dans la rue, un pénis dans la main"

Quelques jours avant l'ouverture du commerce, une pétition a donc été lancée pour "protéger les enfants de la pornographie". "Comment peut-on laisser un tel magasin sans réglementation en plein centre-ville piétonnier, à la vue de tous et potentiellement des enfants?", s'interroge auprès de BFMTV.com Étienne Cazaban, le père de famille à l'origine de cette pétition qui a récolté plus de 650 signatures à ce jour.

"Ils ne vendent pas n'importe quoi. Les clients sortent quand même dans la rue un pénis dans la main", s'insurge ce père de deux enfants en bas âge, qui assimile cela à de "la pornographie".

Pour ce consultant en communication angevin, le fait que "des organes sexuels soient baladés en plein centre-ville à la vue des enfants soulève plusieurs problématiques": "La lutte contre l'exposition des enfants à la pornographie du gouvernement ne doit pas s'arrêter aux frontières d'internet!"

Dans sa pétition, l'ancien professeur estime qu'une loi interdit l'installation d'enseignes commercialisant des "objets à caractère sexuel à moins de 200 mètres d'un établissement d'enseignement". Or il rappelle que "le commerce est implanté (...) à moins de 100 mètres de l’école et du lycée du Sacré-Cœur".

Les riverains, eux, sont partagés: "C'est un magasin comme un autre", affirment des passants, nullement choqués au micro de RMC. La plupart s'en amusent: "En tant qu'adulte, on peut en rigoler plus qu'autre chose", "ça n'est pas bien méchant".

Mais en face, certains Angevins font preuve d'un peu plus de réserve: "On ne peut pas tout faire, il faut respecter les gens, le fait qu'on est dans un espace public, on ne peut pas imposer cette image-là à tout le monde", lance par exemple un jeune homme.

"Il n'y a aucun exhibitionnisme"

Les propriétaires et gérants des lieux, eux, ne comprennent pas les raisons d'un tel courroux. Les deux cogérants assurent qu'on ne voit strictement rien de ce qui se vend depuis l'extérieur, car aucune pâtisserie n'est exposée en vitrine.

"On essaie de ne pas déranger ceux qui passent devant", se défend la cogérante, Océane, interrogée par RMC. S'ils veulent venir, ils viennent. Sinon ils ne viennent pas mais on ne voit pas de l'extérieur, il faut vraiment rentrer dans la boutique pour voir le concept".

"Nous on veut être un concept fun, mais pas vulgaire ", explique Théo Berthelot, l'autre co-gérant, à BFMTV.com. "On s'attendait à avoir des réactions, mais de là à ce qu'il y ait une pétition..."

Les gérants ont donc "fait appel au maire d'Angers pour qu'on s'explique". "Aujourd'hui, on est rassurés", explique-t-il. La municipalité leur a en effet apporté son soutien. "Des polémiques comme ça, on s'en passerait", nous a fait savoir l'adjoint au maire d'Angers chargé des commerces, Stéphane Pabritz (LaREM).

"Je comprends les craintes de certains habitants", affirme l'élu LaREM. "Beaucoup de gens pensaient que ça allait être ostentatoire mais j'y suis allé on ne voit rien, il n'y a pas d'exhibitionnisme".

Le parfum de scandale n'empêche pas la Quéquetterie de vendre quotidiennement "600 quéquettes", quelques jours seulement après son ouverture.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV