78% des agresseurs homophobes sont des hommes de moins de 30 ans, selon une étude

22% des lesbienne, gay, bi et trans (LGBT) ont déjà fait l'objet d'une agression physique à caractère homophobe. Une étude réalisée par la fondation Jasmin Roy-Sophie Desmarais et l’IFOP, en partenariat avec la fondation Jean-Jaurès et la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) révèle que le nombre de victimes d’homophobie a doublé au cours des douze derniers mois. C'est une "hausse significative" de cinq points, souligne l'IFOP, par rapport à sa dernière étude publiée en juin 2018.
Les agressions rapportées ces derniers mois dans la presse et sur les réseaux sociaux reflètent cette réalité. Mi-mars, une bande de jeunes filles a agressé un couple de femmes qui se tenait la main dans le quartier de la Part-Dieu à Lyon. L'une d'elle a été blessée au visage par un coup de cutter. En octobre 2018, le comédien Arnaud Gagnoud a publié "un petit manuel de la vie quotidienne d’un homosexuel en France en 2018" dans lequel il explique comment réagir en cas d’agression homophobe. Lui-même en a été victime, le 18 septembre dans une rue du XXè arrondissement de Paris.
Portrait-robot
Pour la première fois, les 1229 personnes interrogées pour cette étude dressent le profil de leurs agresseurs. Dans la majorité des cas, il s’agit d’un homme (78%) de moins de 30 ans (75%), qui sévit sous l’influence d'un groupe (61%), même si peu de victimes rapportent avoir été agressées par plusieurs personnes en même temps (21%).
"L’effet d’entraînement du groupe est manifeste. Une dynamique est ainsi créée, qui donne un sentiment de légitimité aux agresseurs", précise au Monde Flora Bolter, codirectrice de l’Observatoire LGBT+ de la fondation Jean-Jaurès.
Ils décrivent par ailleurs leurs persécuteurs comme des hommes à la force physique développée et au comportement agressif, sans doute en raison de leur position de force, note l’étude. Parmi les sondés, 2% présentent leur agresseur comme une personne de couleur noire, 4% de couleur blanche, 6% parlent d'une personne arabe ou maghrébine. Ces caractéristiques, qu’ils étaient invités à préciser librement, n’arrivent qu’en sixième position.
"Ces descriptions vont à rebours d’un discours complètement délirant tendant à faire croire que les agressions seraient le fait de groupes ethniques spécifiques", souligne Flora Bolter.
Idées noires
Cet "environnement homophobe" conduit de nombreuses personnes LGBT à adopter des "stratégies d'invisibilité" en s’abstenant de se tenir la main (62%) ou de s'embrasser (63%) en public. 37% des LGBT confient également ne pas se rendre dans certains quartiers ou éviter de rentrer seul chez soi (33%), observe l'Ifop. La résignation semble encore la réaction la plus répandue face aux agressions homophobes. Seuls 27% des victimes d’attaques physiques ont signalé les faits aux forces de l’ordre tandis que 20% ont officiellement déposé plainte. Le recours aux associations d’aide aux victimes (comme SOS homophobie) constitue également une réaction assez rare (19%).
De ces situations naissent parfois des idées noires: 60% des sondés admettent avoir pensé à se suicider au cours de l'année écoulée, contre 18% chez les LGBT n’ayant jamais été agressés et moins de 5% chez l’ensemble des Français. Ces résultats, dévoilés à quatre jours de la journée mondiale de lutte contre l'homophobie et la transphobie seront présentés mardi à Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes.