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Société

150 musulmans pour dénoncer « l’islamophobie montante »

De plus en plus de femmes se feraient arracher leur voile dans la rue.

De plus en plus de femmes se feraient arracher leur voile dans la rue. - -

Après la tentative d’attaque sur une mosquée de Vénissieux, le recteur de la grande mosquée de Lyon dénonce un climat d’islamophobie. « Des coups, des crachats », selon le président de l’Observatoire de l’islamophobie.

Ils veulent dénoncer « l’islamophobie montante ». Lundi, 150 musulmans se sont rassemblés dans le calme près de la mosquée El Forkane à Vénissieux, près de Lyon. Dimanche, un militaire proche de l'extrême droite qui projetait de s'attaquer à cette mosquée a été arrêté. Agé de 23 ans, il avait prévu, selon le ministère de l'Intérieur, de tirer à l'arme à feu sur cette mosquée d'un quartier populaire, une tentative d'attentat qui a poussé le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, à parler d'une islamophobie de plus en plus débridée. « On a même dépassé l'islamophobie verbale », affirme-t-il. Pour le député PS de Marseille Patrick Mennucci, invité ce mardi matin sur RMC et BFMTV, il ne s’agit pas d’islamophobie mais de racisme, tout simplement, une recrudescence qu’il remarque et qui l’inquiète.

« Il faut changer les idées des gens »

« C’est la réalité, par exemple quand on s’habille pour aller à la mosquée, on nous regarde de travers », reconnaît Mohamed, 19 ans, un jeune musulman pratiquant dans l’Essonne. « L’autre jour à Paris, certains disaient "regarde-les, ça ne sert à rien de parler avec eux, ce sont des gens égarés". Ils n’aiment pas notre religion parce qu’ils regardent ce qu’il se passe dans le monde, le terrorisme. Ils regardent le côté extrémisme. Nous on est fiers de notre religion parce qu’on sait ce qu’elle vaut, il faut leur montrer par des exemples qu’on est bien. Il faut changer les idées des gens ».

« Travail de banalisation des idées d'extrême droite »

Et changer les idées s’annonce difficile, à cause d’une banalisation des discours d’extrême droite, estime Abdallah Zekri. L’Observatoire de l’islamophobie, qu’il préside, valide les propos du recteur de la Mosquée de Lyon. « Ça va être un restaurant qui refuse de servir des femmes voilées, par exemple. On a aussi des cas d’agression contre des personnes de confession musulmanes : des coups, des crachats, on va arracher le foulard d’une dame, et ce qui est dramatique, c’est que ce n’est pas juste le fait d’une frange de l’extrême droite. Le travail de banalisation des idées de l’extrême droite a été fait au fur et à mesure. Entendre dans la bouche d’un ministre de l’Intérieur que la lutte contre le voile est un combat essentiel pour la République, ça banalise dans l’opinion publique le fait de pouvoir détester les femmes. C’est inacceptable, encore plus pour un ministre de la République ».

La rédaction