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Une station spatiale chinoise va s'écraser sur Terre ce week-end: existe-t-il un risque?

Vue d'artiste de la station spatiale chinoise Tiangong-1

Vue d'artiste de la station spatiale chinoise Tiangong-1 - CNSA

La station Tiangong-1 doit entrer dans l'atmosphère terrestre dimanche soir au plus tôt, selon les spécialistes. L'incertitude demeure quant à la possibilité de voir des débris atteindre la surface de la planète. Auquel cas, le sud de la France, la Corse, et certains territoires d'outre-mer feraient partie des zones potentiellement concernées.

La fin de son voyage est prévue pour ce week-end. La station spatiale chinoise Tiangong-1 s'apprête à effectuer une rentrée non contrôlée dans l'atmosphère terrestre, selon les prévisions de l'Agence spatiale européenne (ESA).

S’il est impossible de fixer une heure précise, les dernières estimations de l’ESA prévoient que la rentrée atmosphérique de la station actuellement non habitée, de la taille d'un bus, devrait intervenir entre la fin de soirée du 1er avril et le matin du 2 avril.

"La plus grande partie va brûler sous l'effet de la chaleur extrême générée par l'arrivée à grande vitesse de la station dans l'atmosphère", relève l'ESA sur son site. Mais "au vu de ce qui s'est passé pour les rentrées contrôlées de vaisseaux spatiaux de taille et de masse comparable, on peut s'attendre" à ce que "des parties résistent à ce processus et retombent sur la Terre", ajoute l'agence.

"Spectacle splendide"

La Chine, qui prédit un spectacle "splendide", assure de son côté que "les gens n’ont aucune raison de s’inquiéter". Tiangong-1 "devrait totalement brûler lors de sa rentrée dans l'atmosphère", a assuré lundi le CMSEO (China Manned Space Engineering Office).

Ce genre de station spatiale "ne s'écrase pas sur Terre violemment comme dans les films de science-fiction, mais se désintègre en une splendide (pluie de météorites) dans le beau ciel étoilé, à mesure que ses débris progressent vers la Terre", a encore affirmé sur un réseau social le CMSEO.

50e plus gros objet à réaliser une entrée non contrôlée dans l'atmosphère

L'agence européenne estime que la Chine a perdu le contrôle de Tiangong-1 depuis mars 2016. Première station spatiale chinoise, lancée en septembre 2011, Tiangong-1, dont le nom signifie "Palais céleste", est longue de 10,4 mètres et large de 3,3 mètres. Elle est composée d'un laboratoire expérimental et d'un module de service, ainsi que de deux panneaux solaires de 3 mètres sur 7 chacun.

Carburant compris, elle avait une masse au départ d'environ 8,5 tonnes, selon l'ESA. Il s’agira du 50e plus gros objet à effectuer une rentrée non contrôlée depuis 1957.

La station chinoise perd peu à peu de l'altitude. "Lorsqu'elle arrivera à 150 km de la Terre, elle va rencontrer une atmosphère assez importante qui va commencer à la disloquer, à briser ses panneaux solaires", déclare Marie-Anne Clair, directrice des systèmes orbitaux du CNES, l'agence spatiale française.

Une chance sur 40.000 de tomber en Corse

"On ne sait pas très bien ce qui peut retomber sur Terre." Généralement, "on estime que plus des trois quarts de la masse brûle en rentrant dans l'atmosphère", ajoute Marie-Anne Clair. Mais cela dépend aussi des matériaux qui composent la station. Tiangong-1 a "probablement quelques éléments structuraux qui peuvent poser question comme les attaches de réservoirs, ou des roues à inertie en acier", note Marie-Anne Clair. Au total, 850 kg de matériaux résistant fort bien à la chaleur (dont du titane) pourraient venir s’écraser sur Terre.

Le CNES surveille depuis Toulouse la chute de la station, observable par des radars. "Mais cela ne veut pas dire que nous sommes inquiets", souligne-t-elle. La zone sur laquelle les débris sont susceptibles de retomber est très vaste. Pour le moment, elle s'étend du 43° Nord au 43° Sud. Le sud de l'Europe en fait partie. Pour la France métropolitaine, seule la région de Perpignan et la Corse sont potentiellement concernés, comme certains territoires d’outre-mer:

"Si on ramène la superficie des [îles survolées] à celle de la zone survolée par la station, cela nous donne une chance sur 40.000 de tomber en Corse, une chance sur 308.000 de tomber en Martinique, une chance sur 138.000 de tomber sur La Réunion", explique à Futura Sciences Stéphane Christy, expert au Centre d'orbitographie opérationnelle du Cnes.

La zone sur laquelle des débris sont susceptibles de retomber s'étend du 43° Nord au 43° Sud
La zone sur laquelle des débris sont susceptibles de retomber s'étend du 43° Nord au 43° Sud © ESA

Une seule personne touchée en 60 ans

En 60 ans de vols spatiaux, il y a eu quelque 6000 rentrées non contrôlées de gros objets fabriqués par l'homme, principalement des satellites et des étages de fusées, selon Stijn Lemmens de l'ESA. Un seul de ces débris a touché à l'épaule une personne, sans la blesser. Le risque d'être touché par un débris spatial est de 1 sur plus de 1000 milliards, souligne cet expert. C'est dix millions de fois moins que le risque d'être touché annuellement par un éclair.

Tiangong-1 a accueilli deux missions habitées au cours de sa vie. Elle aurait dû effectuer une rentrée contrôlée, ce qui aurait permis de la faire retomber au-dessus des eaux du Pacifique sud.

P.L avec AFP