Une carte dénonce les ravages sanitaires des pesticides en France

Le 21/04/2016 à 15h20

Le collectif "Générations Futures" a recueilli des centaines de témoignages de personnes dont la santé a été altérée par l'utilisation de produits phytosanitaires près de chez eux. L'association entend contribuer à changer les pratiques agricoles.

Des environs de Lille aux vignobles entourant Perpignan, de la pointe du Finistère aux confins du Haut-Rhin, la carte interactive dévoilée par l’association "Générations Futures" a regroupé 400 témoignages de victimes présumées ou reconnues de pesticides. L’association assure avoir validé la moitié des récits recueillis et être en train d’examiner l’autre moitié. La carte est consultable ici.

Allergies en masse chez les riverains

Les témoignages, dont certains particulièrement édifiants ont été filmés, peignent l’emprise de ces produits chimiques abondamment utilisés dans les exploitations agricoles françaises sur la vie des riverains de ces cultures. Une mère de famille habitant près de la frontière belge raconte qu’un endocrinologue a estimé que la puberté très précoce de sa fille, âgée de seulement six ans, était due à l’inhalation de pesticides. Parmi les conséquences récurrentes des pulvérisations chimiques dans les champs, les apparitions d’allergies, de picotements aux yeux, de nausées figurent en bonne place.

On cite même un médecin exerçant au sud de l’Île-de-France: le praticien peut deviner la date précise des épandages dans les domaines alentour, par l’afflux de patients venant se plaindre d’allergies soudaines dans son cabinet.

La carte évoque aussi le travail des associations sur le terrain. Ces collectifs, chargés de la défense des victimes de pesticides, dénoncent l’omerta qui sévit dans les exploitations agricoles. Cette loi du silence empêche d’apporter les réponses adéquates aux maux des riverains affectés et de mettre fin aux pratiques mises en cause.

Les agriculteurs souvent victimes de leurs propres produits

Mais les agriculteurs ne sont pas seulement responsables de ces dégâts d’origine chimique, ils en sont souvent les premières victimes. Ainsi, Gilbert Vendée, ancien chef de culture dans le Cher, a contracté la maladie de Parkinson voilà neuf ans. Son syndrome de Parkinson a été reconnu comme maladie professionnelle.

L’association espère bien sûr rendre davantage visible ce problème de santé publique et changer les habitudes agricoles. "Générations Futures" assure avoir reçu des centaines de nouveaux témoignages depuis la publication de la carte. Si la parole se libère, le chemin est encore long: la France est la plus grosse consommatrice de pesticides en Europe.