Philae: la comète Tchouri et la sonde Rosetta passent au plus près du Soleil

A l'approche du Soleil, la comète Tchouri a libéré des jets de gaz et de poussière - ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA
Comme tous les six ans et demi, la comète Tchouri a rendez-vous avec le Soleil ce jeudi. Mais pour la première fois, une sonde terrestre assistera à la rencontre: Rosetta.
A 2h03 UTC (GMT) soit 4h03 heure de Paris, Tchouri, atteindra son périhélie, c'est-à-dire le point sur son orbite qui est le plus proche du Soleil. La comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko - son nom complet - se situera alors à 186 millions de km du Soleil et à 265 millions de km de la Terre.
Forte activité sur Tchouri
A l'approche de l'astre, la comète constituée de glace, de minéraux et de particules organiques, a vu son activité croître fortement. De son noyau s'échappent des jets de gaz et de poussières de plus en plus intenses, a pu observer la sonde, qui escorte "Tchouri" depuis un an après un voyage de dix ans dans l'espace pour la rejoindre.
"Actuellement, la comète éjecte 300 kilos de gaz - constitué essentiellement de vapeur d'eau - par seconde et jusqu'à une tonne de poussières par seconde", précise Nicolas Altobelli.
La caméra Osiris de Rosetta a ainsi pu saisir le 29 juillet un jet particulièrement brillant et puissant puisqu'il est parvenu à repousser le vent solaire, a relevé mardi l'Agence spatiale européenne (ESA). "Un feu d'artifice juste avant le périhélie", selon l'agence. Jeudi, le spectacle ne sera toutefois pas garanti. "Nous n'allons pas forcément atteindre le maximum d'activité ce jour-là. Il y a une certaine inertie dans la propagation des ondes de chaleur et il se pourrait que la comète 'dégaze' un maximum quelques semaines après", avertit Nicolas Altobelli.
Philae va rester à l'ombre
Dans les zones les plus exposées au Soleil, les températures sur la comète pourront atteindre 80 degrés Celsius. Mais le petit robot-laboratoire Philae, qui se trouve sur "Tchouri" depuis neuf mois, sera à l'ombre et relativement au frais, souligne le DLR, l'agence spatiale allemande, dans un communiqué.
"L'atterrisseur et ses instruments peuvent supporter des températures d'au moins 50 degrés. Or il se trouve dans une zone où la température ne montera pas plus haut", assure Koen Geurts, ingénieur au DLR.
Philae n'a plus donné de ses nouvelles depuis le 9 juillet, ce qui inquiète les responsables du robot-laboratoire. Ils lui ont quand même envoyé des commandes "en aveugle" afin qu'il puisse éventuellement travailler même s'il ne paraît pas actuellement en mesure de répondre.
Sûrement pas de contact entre Rosetta et Philae
Munie de 11 instruments, Rosetta se tiendra jeudi à environ 330 km de "Tchouri". Une distance respectueuse, décidée par les responsables de la sonde, pour ne pas lui faire courir de risques. A supposer que Philae soit en mesure de communiquer ce jour-là, la sonde serait sans doute trop loin pour établir un contact.
L'objectif de la mission, lancée il y a plus de 20 ans, est de mieux comprendre l'évolution du système solaire depuis sa naissance, les comètes étant considérées comme des vestiges de la matière primitive. L'Europe a prolongé la mission de Rosetta jusqu'en septembre 2016 et envisage de "poser" le moins rudement possible la sonde sur la comète pour clore en beauté l'aventure scientifique.