Le Saint Graal retrouvé en Espagne? Les experts en doutent

Le calice de la basilique San Isidoro, en Espagne, le 31 mars 2014.in on March 31, 2014. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
La basilique de San Isidoro de Leon, dans le nord de l'Espagne, abrite-t-elle depuis dix siècles, à l'ombre de ses voûtes romanes, le légendaire Saint Graal? La révélation de deux chercheurs espagnols, digne d'un roman médiéval, a été balayée mardi par plusieurs experts.
Face à l'afflux de curieux qui se sont précipités dans le musée de la Basilique, où la coupe était exposée sous une vitrine de verre, la direction l'a retirée et les visiteurs devront provisoirement se contenter d'admirer une copie.
A l'origine de cette fébrilité, les travaux de deux historiens espagnols affirmant que la basilique San Isidoro abrite depuis dix siècles le calice dans lequel le Christ a bu lors de son dernier repas et qui a ensuite recueilli son sang, un objet de légende porteur de l'un des grands mythes de l'Histoire.
Et si le Graal n'existait pas?
Orné d'or et de pierres précieuses, formé de deux coupes réunies par le pied, le calice de la basilique San Isidoro était connu depuis des siècles comme celui de Doña Urraca, fille de Ferdinand 1er le Grand, roi de Leon de 1037 à 1065. Mais la découverte en 2011 de deux parchemins égyptiens, suivie de trois années de recherches, ont conduit Margarita Torres, professeur d'histoire médiévale à l'université de Leon, et José Miguel Ortega del Rio, historien de l'art, à affirmer que le calice de la princesse espagnole était bien celui de la Cène.
Depuis les années 1050, la basilique San Isidoro abrite "le calice qui, depuis les quatrième ou cinquième siècle, est considéré par les communautés chrétiennes de Jérusalem comme celui du dernier repas", déclarait à l'AFP Margarita Torres.
Une version contestée par plusieurs experts. "La légende du Graal est une invention littéraire du 12ème siècle, sans aucun fondement historique", tranche Carlos de Ayala, professeur d'Histoire médiévale à l'Université autonome de Madrid. "On ne peut pas trouver ce qui n'existe pas", ajoute-t-il.
Therese Martin, historienne médiévale au Centre national de recherches scientifiques, relève elle aussi que "parmi les spécialistes du Moyen Age, il est d'usage de comprendre les légendes du Graal de manière plus symbolique qu'historique".