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L'Ile de Ré tente de tirer les enseignements de la tempête

Vue aérienne du pont menant à l'Île de Ré. En Charente-Maritime, déjà frappée lourdement en décembre 1999, la répétition des tempêtes incite à revoir la copie en terme de protection et de prévision pour éviter de futures catastrophes, notamment sur l'Ile

Vue aérienne du pont menant à l'Île de Ré. En Charente-Maritime, déjà frappée lourdement en décembre 1999, la répétition des tempêtes incite à revoir la copie en terme de protection et de prévision pour éviter de futures catastrophes, notamment sur l'Ile - -

par Claude Canellas BORDEAUX - En Charente-Maritime, déjà frappée lourdement en décembre 1999, la répétition des tempêtes incite à revoir la copie en...

par Claude Canellas

BORDEAUX (Reuters) - En Charente-Maritime, déjà frappée lourdement en décembre 1999, la répétition des tempêtes incite à revoir la copie en terme de protection et de prévision pour éviter de futures catastrophes, notamment sur l'Ile de Ré.

Avec 12 victimes, la Charente-Maritime a été le département le plus touché après la Vendée voisine par le tempête Xynthia le week-end dernier.

Alors que la population panse ses plaies, se posent aujourd'hui des questions sur les constructions en zone inondable, l'entretien des digues ou même leur efficacité.

L'Ile de Ré a particulièrement souffert. Des digues ont cédé, d'autres se sont révélées insuffisantes et certains reprochent à des élus de céder, eux, à la pression immobilière.

Léon Gendre, le maire de La Flotte-en-Ré où deux personnes ont trouvé la mort, rappelle que depuis 1977 il n'a pas attribué le moindre permis de construire dans les zones à risque.

Mais il affirme que "des maires sont scandalisés quand on leur refuse un permis", car "une maison construite, c'est de l'argent en plus pour la commune".

Tony Brin, un ostréiculteur dont l'entreprise a été dévastée, reconnaît que la montée des eaux était exceptionnelle mais il estime que des digues de qualité et entretenues auraient limité les dégâts.

Il est d'autant plus furieux que la digue construite par son grand-père pour protéger les bassins d'affinage de ses huîtres à La Couarde, ouvrage de plusieurs centaines de mètres poursuivi sur plusieurs générations, est tombée sous la férule de la justice administrative.

"ON A TROP CÉDÉ"

En 2002, une décision de justice l'a obligé à détruire la partie la plus récente de la digue et à cesser de renforcer et de rehausser les parties les plus anciennes.

Selon Tony Brin, la décision reposait sur un texte ancien faisant de tout territoire couvert par la mer un domaine public alors que la digue avait été construite sur le terrain correspondant au titre de propriété.

"C'est une aberration. Les agriculteurs, les élus, la population sont scandalisés. Si on nous avait laissé continuer, sans doute que les dégâts auraient été bien plus limités", estime-t-il.

"Et heureusement qu'à 80 mètres en arrière de la digue j'ai utilisé les gravats pour en remonter une. C'est la partie la plus ancienne, non surélevée, qui a failli dans sa tâche", explique l'ostréiculteur.

Pour lui, "on a trop cédé devant les exigences de non-Rétais" et "trop donné la priorité à des équipements pour le tourisme plutôt qu'à la protection de l'île".

A la Communauté de communes de l'île, la directrice générale des services, Florence Durand, nie toute responsabilité des maires.

"Cette tempête était très exceptionnelle. Même des digues comme à Ars en Ré, exemplaire avec un empiètement de six mètres et une hauteur de quatre mètres, a volé en éclats", dit-elle.

"Je peux comprendre que la responsabilité des maires soit engagée mais il y a des limites. Les élus sont assez responsables pour ne pas construire en zone inondable", a-t-elle déclaré à Reuters.

Déjà avant la tempête, la CDC avait prévu d'inclure un doublement de l'enveloppe réservée à l'entretien des digues lors du vote du prochain budget.

Sur l'île, le conseil général a déjà lancé un programme visant à réhabiliter les protections.

Edité par Sophie Louet