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Energie: la France et l'Allemagne encore trop timides

Delphine Batho, ministre de l'écologie et son homologue Peter Altmaier estiment qu'une première étape importante de coopération est franchie avec cette première conférence conjointe sur l'énergie.

Delphine Batho, ministre de l'écologie et son homologue Peter Altmaier estiment qu'une première étape importante de coopération est franchie avec cette première conférence conjointe sur l'énergie. - -

La première conférence franco-allemande sur l'énergie était organisée ce mardi à Paris. Représentants d'institutions et d'entreprises des deux pays ont mis en avant leur volonté de travailler ensemble à la mise en œuvre de la transition énergétique. La France et l'Allemagne souhaitent faire de l'énergie le premier axe de leur coopération. Mais les mesures concrètes tardent à venir.

La transition énergétique nécessite des investissements lourds et un engagement industriel fort. On pouvait donc attendre beaucoup de cette première conférence franco-allemande sur l'énergie.

Depuis quelques mois, les deux pays affichent leur volonté de coopérer dans ce domaine. C'est ainsi que l'office franco-allemand pour les énergies renouvelables a vu le jour en février dernier. Cinq mois après, sa feuille de route a été fixée aujourd'hui, jusqu'en 2016. Elle est "ambitieuse" selon Delphine Batho, ministre de l'écologie. Il aura un siège en France et un autre en Allemagne. Son budget a aussi été augmenté. Le financement viendra à 65 % du secteur privé.

Autre annonce, celle d'un partenariat entre l'Union française de l'électricité, qui rassemble les professionnels du secteur et la DENA, l'agence allemande de l'énergie.

Un partage d'expertise est mis en avant. Cinq grands chantiers sont sur le tapis dont l'organisation du marché de l'électricité, le développement des réseaux, le financement de l'efficacité énergétique et ou encore le soutien aux énergies renouvelables. Delphine Batho et son homologue allemand Peter Altmaier ont réitéré leur volonté d'avancer dans le dossier. Pour eux, cette conférence est une première étape importante.

Des entreprises en attente de financement

Mais beaucoup rongent leurs freins. En premier lieu, les entreprises. Que ce soit du côté français avec Air Liquide, Alstom, Areva ou encore GDF Suez ou bien allemand avec Siemens et Enercon, toutes bâtissent déjà des projets en partenariat. Alstom met au point un démonstrateur de capture de CO2. Siemens et Franceole, spécialisée dans la production des mâts d'éoliennes ont signé un accord. Ils vont travailler ensemble. Mais pour cela il faut de l'argent, parfois beaucoup d'argent. Et un coup de pouce supplémentaire de l'Etat serait le bienvenu.

L'idée d'une coopération n'est finalement pas neuve. Depuis 2004, la France et l'Allemagne affichent leur intention d'échanger plus étroitement sur les nouvelles énergies. L'office franco-allemand pour les énergies renouvelables n'est jamais que le changement de nom d'une structure déjà existante. Y aurait il une volonté d'être "politiquement "plus visible?

La vision de la transition énergétique n'est pas la même de part et d'autre de la frontière. L’Allemagne a décidé de tourner la page du nucléaire. Outre-Rhin, la part de la consommation d’énergie renouvelable devrait atteindre 38,6% en 2020, voire 47% selon l’association fédérale des énergies renouvelables, contre 27% en France

Dans une interview en avril dernier Delphine Batho disait: "L'Allemagne n’est pas mon modèle". Aujourd'hui les deux pays semblent plus proches. Mais il faut encore avancer. Lors d'une table ronde, Pierre Étienne Franc, vice-président d'Air liquide advanced business & technologies, disait à propos des infrastructures de recharge de véhicules électriques que les deux pays devaient se mettre d'accord sur des systèmes de convergence.

Rendez-vous pour la deuxième conférence en juillet 2014.

Nathalie Croisé (BFM Business)