Comment donner un coup d'accélérateur à l'éolien

L'éolien terrestre est au plus mal en France. - -
"On nous parle beaucoup de créer des emplois industriels mais on ne voit pas beaucoup de réalisations concrètes". André Antolini qui connaît très bien le secteur (il est toujours président de France PV Industrie) a donc choisi de passer à l'action.
L'idée est simple sur le papier: développer en force l'éolien. Il y a les grands appels d'offres pour l'offshore. Il est temps d'accélérer le mouvement pour le terrestre qui souffre de lourdeurs administratives et de recours en pagaille.
Les chiffres sont clairs: la France est en retard. Il manque 6.000 mégawattheures d'éolien raccordés pour atteindre les objectifs de 2020. Ils ont été fixés à 19.000 MW. D'ailleurs, le rythme se ralentit ces derniers temps. André Antolini lance donc l'idée de lancer un appel d'offres massif de 6.000 MW. Sûrement pas en une seule fois, plutôt plusieurs lots sur plusieurs années.
"Les projets sont actuellement trop diffus pour permettre de passer des commandes dans de bonnes conditions". L'idée n'est pas neuve. La commission dédiée à l'éolien dans le cadre du débat sur la transition énergétique a elle-même approuvé l'idée d'une massification des commandes. Le contexte justifie ce coup d'accélérateur: l'éolien terrestre est au plus mal en France.
Plus qu'un seul niveau de juridiction
Là où la proposition d'André Antolini pourrait faire grincer des dents, c'est qu'il n'hésite pas à proposer un passage en force juridique. Plus question de perdre du temps avec les 3 niveaux de juridiction actuels en matière de recours. Un seul, le Conseil d’État , peut suffire selon lui.
Il s'appuie sur le constat que dans 80 % des cas, les recours débouchent finalement sur une autorisation. Mais il faut bien souvent 5 ans pour que le projet démarre enfin. Le délai est trop long. Et des réalisations restent dans les tuyaux. Quand on sait en même temps à quel point l'installation d'éoliennes suscite souvent un tollé de riverains ou d'associations, il faut s'attendre à une nouvelle levée de boucliers. Le pavé est lancé.
La simplification administrative est en tous cas un sujet désormais incontournable. François Hollande défend l'idée d'un guichet unique pour permettre aux propriétaires qui le souhaitent de réaliser des rénovations énergétiques. André Antolini préconise le même système pour les énergies renouvelables.
Autre sujet sensible: l'appel d'offres. Il n'a pas toujours une bonne image auprès des professionnels. Pour le président d'honneur du SER, les appels d'offres des dernières années n'étaient tout simplement pas bien rédigés. Avec un peu de rigueur, c'est un très bon outil.
10 milliards d'euros d'investissement
André Antolini cherche donc le consensus, en appelle à l’État et propose un accord donnant-donnant. Si l'idée est retenue, un système pour accompagner le marché pourrait se mettre en place: pourquoi ne pas envisager une rémunération fixe pour une partie, le reste étant vendu sur le marché? Ce serait une validation de la prise de risque des industriels.
André Antolini est allé à la rencontre de ces derniers. EDF EN et Alstom sont tout naturellement tentés par l'aventure. Mais l'expert se défend de vouloir favoriser les grands groupes. Son idée: créer une filière industrielle autour de consortiums. Si des lots plus petits sont proposés, des PME pourraient trouver leur place.
André Antolini avance le chiffre global de 10 milliards d'euros d'investissement privé. L'union fera donc la force. Le marché domestique est d'une taille suffisante. Avec une telle proposition, le président d'honneur du SER espère un vrai appel d'air sur le marché du travail.
Il affiche le chiffre de 7.000 emplois créés. Il attend désormais la réponse du gouvernement.
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