Australie: un scientifique escroc falsifiait des études et donnait de faux espoirs aux malades

Mise au point d'un vaccin. (illustration) - William Thomson Cain - AFP
Que les scientifiques parfois se trompent, nul ne peut le leur reprocher. Mais qu'un chercheur falsifie jusqu'à 17 études dont certaines portaient sur un sujet aussi grave que la maladie de Parkinson, la cour australienne de Brisbane ne l'a pas admis. Bruce Murdoch, un chercheur de 64 ans, a été condamné jeudi dernier à deux ans de prison avec sursis après avoir plaidé coupable.
Un essai clinique même pas mené
L'un des principaux chefs d'inculpation contre cet ancien professeur de l'université du Queensland de 64 ans est lié à un article annonçant une percée dans le traitement de la maladie neurodégénérative.
Les conclusions de la juge étaient accablantes, rappelle le Washington Post. Ainsi, n'y avait-il aucune preuve, déclara-t-elle, que le scientifique ait jamais conduit l'essai clinique sur lequel se basaient ses découvertes. Pire, l'un des formulaires de consentement obligatoire des participants émanait d'une personne décédée. Enfin, Murdoch a frauduleusement accepté des fonds publics et privés pour la soi-disant étude publiée en 2011 dans le European Journal of Neurology.
"Votre recherche a donné tant de faux espoirs aux chercheurs et aux patients souffrants de Parkinson", a déclaré la magistrate Tina Privitera.
La coauteure de l'étude, Caroline Barwood, elle aussi accusée de fraude, attend sont procès.
La fraude en augmentation
Il y a cinq ans, la revue Nature révélait qu'une dizaine de publications de la décennie 2000-2010 avaient fait l'objet d'une rétractation, dont la moitié pour des fraudes. Depuis, le nombre de recherches scientifiques falsifiées s'envole, note le quotidien américain. Le U.S. Office of Research Integrity, (Bureau de l'intégrité de la recherche) a recensé trois cas frauduleux entre 2009 et 2011, contre 36 entre 2012 et 2015. Les condamnations menant à une peine de prison restent toutefois rares.
Eric Poehlman, ancien expert de l'obésité du vieillissement de l'université du Vermont, a été le premier scientifique américain condamné à une peine de prison pour une recherche falsifiée n'ayant cependant pas entraîné de décès.
Bien d'autres cas ont suivi, dont celui en juillet dernier de Dong-Pyou Han, un ancien scientifique du département de biomédecine de l'université de l'Iowa, condamné à quatre ans de prison. Il a plaidé coupable concernant deux accusations de fausses déclarations faites pour obtenir des subventions du NIH (Institut national de la santé). Il a admis avoir falsifié les résultats d'expérimentations sur des vaccins, allant jusqu'à mêler des échantillons de sang de lapins avec des anticorps du VIH, pour faire croire que les animaux avaient développé une immunité au virus.