Vacances: les grands-parents vaccinés peuvent-ils relâcher les gestes barrières avec leurs petits-enfants?

Une enfant jouant sur une plage (Photo d'illustration) - Flickr - CC Commons - Etienne
"Pour le moment, même vaccinés, continuons à appliquer les gestes barrières et à porter le masque." Ce spot de prévention diffusé début mars par les autorités sanitaires ne pouvait être plus d'actualité, tant la situation actuelle nécessite une prudence accrue de la part de tous.
Alors que ce vendredi soir débutent les vacances scolaires en France, unifiées pour toutes les zones, de nombreux parents feront le choix de confier pour les deux prochaines semaines leurs enfants aux grands-parents. Une solution tolérée par l'exécutif, qui autorise les déplacements extra-régionaux pour ce motif.
· Un vaccin pas efficace immédiatement
Seulement, ces rencontres familiales ne doivent en aucun cas laisser place à un relâchement généralisé. Si la vaccination des personnes les plus fragiles, parmi elles les plus âgées, devait permettre de retrouver en partie la vie "d'avant", il est encore trop tôt pour s'adonner aux étreintes ou autres embrassades, encore moins pour stopper les gestes barrières, y compris en famille. Et ce même si les grands-parents ont été vaccinés.
Interrogée par le quotidien 20 Minutes, Mylène Ogliastro, virologue et chercheuse à l'Inrae de Montpellier rappelle en effet que la protection donnée par les vaccins n'est pas immédiate.
"Cela dépend des vaccins. [...] Pour les vaccins à ARN messagers, on commence à être protégé à partir de trois semaines après la première injection." La virologue insiste sur le délai pour obtenir une protection optimale. "En général, c’est le moment où on reçoit la deuxième injection, donc tant qu’à faire, autant attendre ce moment. Chez les personnes âgées, cette réaction immunitaire est plus lente que chez les jeunes."
Chez les personnes âgées justement, parmi lesquelles se trouvent la grande majorité des grands-parents, la vaccination est bien avancée, mais pas encore achevée. Selon des chiffres du gouvernement, 61% des 75 ans et plus ont reçu au moins une dose depuis le début de la vaccination, et seuls 32% ont reçu une seconde injection. En ce qui concerne les 70-74 ans, ces chiffres baissent à 43,1 et 7,1%.
De leur côté, les plus jeunes n'ont pas encore été vaccinés et peuvent être vecteurs de la maladie, même de manière asymptomatique.
· Rester prudent
Face à cet état de fait, les professionnels de la santé insistent sur la prudence à conserver durant ces congés.
"Les recommandations sont de ne pas tomber le masque, on prendrait un petit peu de risque. C’est pas forcément immédiat, le signal qu’on donne c'est que tant qu'il n'y a pas d’immunité collective, les mesures barrières s'appliquent toujours", expliquait ce vendredi Jacques Battistoni, médecin généraliste et vice-président du syndicat MG France.
D'autant que, la question de la contagiosité une fois un patient vacciné est toujours en suspens. "Même quand la protection des formes graves est acquise, l’autre enjeu c’est de contrôler l’épidémie", insiste Mylène Ogliastro, toujours auprès de 20 Minutes.
Selon plusieurs études, les vaccins ARN Messager offrent une efficacité supérieure à 80% contre le Covid-19 après une seule injection, puis égale à 90% après la vaccination totale. Pour AstraZeneca, réservé pour le moment aux plus de 55 ans en France, elle est de 67 % dès la première dose.
· Trouver un juste milieu
Alors, quelle attitude tenir lors de ces prochains jours? "C’est un virus respiratoire, donc on peut privilégier la promenade dehors, en plus il va faire beau. Quand une grande majorité de personnes seront vaccinées, on pourra prétendre à l’immunité de groupe", ajoute Mylène Ogliastro.
De son côté, interrogé par Le Figaro, Antoine Flahaut, directeur de l’Institut de santé globale à l’Université de Genève, conclut en soulignant qu'un juste milieu doit être trouvé au moment de ces visites, et que permettre les visites familiales reste une possibilité acceptable.
"Vacciner les gens ne rime à rien si on ne leur montre pas qu’il y a un bénéfice clair. On se vaccine pour être protégé et retrouver une vie comme avant."